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aussi que rien ne fut changé au mode de communication par lequel ces relations avaient lieu.

Quoique d’un autre côté les marchands grecs, établis sur les côtes de la mer Noire, soient allés chercher les denrées de l’Inde dans la Bactriane, où elles étaient apportées par le haut Indus, ce furent la Syrie et l’Égypte qui restèrent, pendant cette première période, les grands entrepôts du commerce oriental.

Lorsqu’à la voix de Mahomet les tribus de l’Arabie se furent réunies en un corps de nation, et que l’Alcoran leur eut inspiré cet esprit d’enthousiasme et de prosélytisme religieux qui donna à leur empire un si prodigieux développement, les navigateurs arabes, qui, auparavant, ne s’étaient jamais avancés à l’est plus loin que la côte de Malabar et Ceylan, franchirent le cap Comorin et remontèrent la côte de Coromandel. Dans les premiers temps de l’islamisme, leurs vaisseaux partaient des ports qu’ils occupaient sur la mer Rouge et l’Océan, Moka, Djedah, Aden. Mais dès qu’ils se furent rendus maîtres de l’Égypte et de la Perse, et qu’ils eurent puisé dans leur contact avec les Grecs quelques principes d’astronomie nautique, leurs expéditions se firent à la fois par le golfe Persique et la mer Rouge, et dans des limites beaucoup plus reculées qu’auparavant. Nous lisons, dans la relation de deux voyageurs arabes du IXe siècle, que, deux cents ans environ après la prédication de Mahomet, ces expéditions s’étendaient jusqu’à la Chine, où les Arabes avaient des colonies. En s’y rendant, ils durent nécessairement traverser l’archipel d’Asie et sans doute aussi entrer en rapport avec les indigènes. Cependant ce n’est que quatre siècles plus tard, vers le commencement du XIIIe siècle, qu’ils y fondèrent des établissemens permanens. J’ai dit plus haut comment les écrivains malays et javanais s’accordent tous pour fixer à cette époque l’introduction de l’islamisme parmi les populations de l’archipel d’Asie.

Les deux périodes pendant lesquelles le commerce des Arabes avec cette partie de l’Orient et avec l’Inde fut le plus florissant, embrassent les temps de leur plus haute puissance et de leur plus grande prospérité. La première, qui s’ouvre au IXe siècle, est contemporaine de l’empire des khalifes de Bagdad et se prolonge avec plus ou moins d’éclat, suivant les vicissitudes de cette dynastie, jusqu’au moment où, vers la seconde moitié du XIIIe siècle, elle fut renversée par les armes des Mongols. La ville de Bassora, assise au confluent de l’Euphrate et du Tigre, recevait par le golfe Persique les marchandises