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LITTÉRATURE DE L’ARCHIPEL D’ASIE.

Les habitans de la Nouvelle-Zélande ont un grand nombre de poésies traditionnelles d’une très haute antiquité. La plus célèbre de toutes ces compositions est la fameuse ode funèbre ou Pihé, qui commence ainsi : Papa ra te wati tidi, etc. Comme les Taïtiens, ils peuvent improviser sur toutes sortes de sujets, et leurs annales sont des chants qui leur servent à conserver le souvenir des évènemens remarquables et des hauts faits de leurs guerriers.

Les navigateurs qui depuis trois siècles parcourent les mers de la Polynésie, ont à peine accordé jusqu’à présent quelque attention à l’étude des poésies traditionnelles et des croyances qui ont cours parmi les insulaires qu’ils ont visités. Combien ne serait-il pas à désirer qu’un pareil travail, si utile pour la connaissance des origines de la famille océanienne, fût entrepris par un voyageur familiarisé avec les recherches philologiques, avant que notre civilisation européenne, introduite chez ces peuples par les méthodistes anglais, ait fait entièrement disparaître ces derniers vestiges de leur primitive nationalité !

Il me reste maintenant à envisager l’étude du malay sous le rapport commercial et politique.

III.

La nature, en dotant l’archipel d’Asie de ses dons les plus précieux, en l’entourant de mers calmes qui le sillonnent comme autant de canaux navigables et ouvrent dans tous les sens des voies faciles de communication, la nature semble avoir créé l’archipel d’Asie pour être un des plus grands marchés du globe. Là, sur un sol d’une fécondité presque sans limites, croissent toutes les productions tropicales, et d’autres qui se refusent à naître ailleurs : des gommes précieuses, des bois de senteur et ces épices si recherchées par tous les peuples, par l’Européen civilisé et l’Asiatique voluptueux comme par l’habitant barbare de l’Afrique. Les richesses métalliques de cette terre fertile ne sont pas moins considérables que les productions végétales qu’elle donne à l’homme. L’étain y est plus abondant que nulle part ailleurs, et l’or y est peut-être aussi commun qu’il l’était autrefois en Amérique. Les flancs des montagnes recèlent l’émeraude, le rubis et le diamant. Il me suffira de retracer ici l’histoire du commerce dont l’archipel d’Asie a été le centre, de montrer l’importance qu’il eut