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LITTÉRATURE DE L’ARCHIPEL D’ASIE.

fidélité que les bas-reliefs de Boro Boudor reproduisent la représentation bien connue de ses traits et de son attitude contemplative.


« Louanges à Batara Gourou (Bouddha), dit le poète, à lui qui est tout-puissant ! Louanges à Wischnou qui purifie l’ame humaine, et à Batara Sourya (le soleil) qui éclaire le monde ! Qu’ils accordent leur protection à l’auteur du Niti Sastra, qui contient un sommaire des vérités enseignées dans les livres sacrés.

« La profondeur des eaux, quelque grande qu’elle soit, peut être mesurée ; mais la pensée humaine, qui la sondera ?

« Celui-là seul mérite le nom d’habile qui peut expliquer les expressions les plus abstraites.

« Une femme qui aime son mari avec assez de tendresse pour ne pas lui survivre, ou qui, si elle lui survit, passe le reste de sa vie dans le veuvage et comme si elle était morte au monde, cette femme est au-dessus de toutes les personnes de son sexe.

« Un homme qui fait du mal à ses semblables viole les préceptes de la loi de Dieu et oublie les instructions de ses Gourous ; il ne pourra jamais être heureux, et l’infortune le suivra partout. Cet homme ressemble à un vase de porcelaine qui en tombant se casse en mille pièces, et n’a plus de valeur.

« Personne ne peut emporter avec soi au tombeau les biens de ce monde ; n’oublie donc jamais que tu dois mourir un jour. Si tu as été compatissant et libéral pour les pauvres, ta récompense sera grande. Heureux est l’homme qui partage avec l’indigent, qui nourrit celui qui a faim, habille celui qui est sans vêtemens, et qui soulage son semblable dans le besoin ; celui-là n’a que du bonheur à attendre dans la vie à venir.

« Les richesses ne servent qu’à tourmenter l’esprit de l’homme, et quelquefois même à causer sa mort. C’est donc avec raison que le sage les méprise. Il en coûte de la peine et des difficultés pour les acquérir, et encore plus de difficultés et de peine pour les conserver ; car, si l’on manque de vigilance un instant, le voleur survient qui les emporte, et la douleur que cette perte occasionne est souvent pire que la mort.


Le type indou adopté dans les temps les plus anciens pour les monumens de l’art et de la littérature fut remplacé plus tard par le type javanais pur. Au lieu de puiser les élémens de leurs compositions dans les épopées sanskrites, les Javanais les empruntèrent exclusivement à leur histoire nationale. Les exploits chevaleresques du héros Pandji, que l’on a surnommé le Charlemagne de l’Orient, et qui vivait au Ixe siècle de notre ère, les aventures merveilleuses du prince Damar Woulan (la lumière de la lune), qui fut contemporain de la dynastie de Madjapahit, ont donné naissance à un cycle très étendu de poèmes et de romans. Ce retour aux idées nationales marque