Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
REVUE DES DEUX MONDES.

de soie. Une odeur suave était répandue autour d’eux. Leur payong était magnifique, car il était fait des ailes du Mardoukara, et il éblouissait les yeux comme les rayons du soleil.

..............................

122. — Lorsque Ardjouna fut en présence de l’ennemi, il sentit son ame partagée entre la douleur et la joie, car il ne pouvait s’empêcher d’aimer et de plaindre ceux qu’il allait combattre. La plupart étaient ses proches parens ; plusieurs avaient reçu le jour du même père et de la même mère que lui. Les deux frères plus jeunes de son père étaient dans les rangs opposés, ainsi que les saints Gourous, Krépa, Bisma et Douidjenga.

123. — S’adressant alors à Krischna, il le supplia de faire que la bataille n’eût pas lieu, tant sa douleur était profonde d’avoir à combattre les fils de Kourou. Pour toute réponse, Krischna lui enjoint d’aller donner les ordres nécessaires pour que l’action s’engage à l’instant, le comble de l’infamie, dit le dieu, étant de tourner le dos à l’ennemi au moment du combat… Aussitôt le son des conques et des instrumens militaires se fait entendre…

127. — À l’instant, les deux armées se précipitent l’une sur l’autre. Dix éléphans contre un char, dix chevaux contre un éléphant, dix chevaux montés par des cavaliers au cœur d’airain, au bras infatigable pour tailler en pièces les ennemis. La lutte fut longue et sanglante ; elle dura plusieurs jours consécutifs, et l’issue en fut fatale aux fils de Kourou.

DOULEUR ET MORT DE SATIA WATI

Satia était un des héros de l’armée d’Astina, qui, après les nombreuses défaites qu’elle avait essuyées, résolut de se sacrifier pour la cause des fils de Kourou. S’arrachant des bras de Dewi Satia Wati, sa femme, il ramena les troupes au combat ; mais il fut trahi, et, resté seul sur le champ de bataille, il tomba percé d’une flèche que lui lança Dermawangsa à l’instigation de Krischna. En apprenant la mort de son époux, la princesse vole sur le lieu de l’action, accompagnée de sa fidèle suivante Sagandika, et là, parmi des monceaux de cadavres d’hommes, d’éléphans et de chevaux, et au milieu d’une profonde obscurité, elle cherche le corps de Salia, mais, hélas ! sans succès.


603. — Fatiguée de ses recherches infructueuses et désespérant de trouver l’être devant lequel elle voudrait se prosterner, la princesse tire son poignard et veut s’en frapper, car son cœur est tout entier à son mari. Mais le Tout-Puissant prenant sa douleur en pitié, fait briller un éclair pour la guider, lui donne de nouvelles forces et lui inspire le désir de se remettre en marche.

604. — Pendant tout ce temps, le char de Salia était resté couvert de fleurs répandues du haut du ciel, et, comme si le tonnerre en grondant eût pleuré,