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LITTÉRATURE DE L’ARCHIPEL D’ASIE.

Un coup d’œil jeté maintenant sur le tableau comparatif des idiomes océaniens nous montrera les limites dans lesquelles l’islamisme s’est développé. Ces limites peuvent être fixées entre le 93e et le 129e degré de longitude orientale, depuis la pointe ouest de Sumatra jusqu’aux Moluques inclusivement. Au nord, l’islamisme n’a pas atteint les Philippines, ou du moins il ne s’y est jamais établi d’une manière permanente.

La distinction que nous avons tracée entre les trois systèmes de civilisation qui se sont produits à différentes époques dans le monde océanique nous permet maintenant de déterminer avec certitude les origines des langues qui y dominent ; origine océanienne pure, origine indoue, origine arabe. Il résulte aussi de ces recherches que ces trois civilisations occupent une zone d’autant plus étendue, ont exercé une influence d’autant plus profonde sur la sociabilité des nations de cette partie du globe, et se tient à des mouvemens de population d’autant plus considérables, que l’on remonte de la plus récente des trois à la plus ancienne.

En indiquant les principales divisions de la famille des idiomes océaniens, les synchronismes qui les rattachent aux diverses civilisations dont ils émanent et dont ils sont l’expression, j’ai déterminé la place que le malay et le javanais tiennent dans l’ensemble de ce système, et l’époque où ces deux langues se sont formées. — Je passe maintenant à l’appréciation des monumens littéraires qu’elles ont produits.

II.

De toutes les langues de la famille océanienne, celles de l’archipel d’Asie sont les seules qui aient des alphabets originaux, et qui, fixées par l’écriture, aient pu être cultivées. À la tête de ces dernières viennent se placer, tant par le nombre que par la valeur des monumens qu’ils possèdent, le malay et le javanais. Je vais parler d’abord de la littérature javanaise, qui a précédé de plusieurs siècles la littérature malaye et sur laquelle celle-ci s’est formée.

La civilisation de l’archipel asiatique, pendant les premiers siècles de notre ère, ayant eu ses précédens et son modèle dans la civilisation indoue, il faut s’attendre à retrouver dans les ouvrages javanais de cette époque une imitation plus ou moins fidèle, plus ou moins habile des compositions sanskrites. Mais ce serait se tromper que de croire que ces ouvrages, qui sont tous écrits en kawi, n’offrent