reurs, de faux systèmes, de folles théories, que nos jeunes artistes français se lançaient avec une aveugle et confiante ardeur. Au travers des flots de poussière que soulevaient les hommes du présent, c’est à peine si leurs yeux pouvaient pénétrer jusqu’au passé. Ils apercevaient de loin l’antique et le XVe siècle, ils leur faisaient la révérence comme à des reliques avec une piété distraite, puis ils se plongeaient tout entiers dans l’étude des procédés, des formules, des recettes à la mode.
Voilà ce qui les attendait en Italie.
Voyons maintenant ce qu’ils trouvaient à leur retour en France. L’art avait-il eu parmi nous les mêmes destinées qu’au-delà des monts ? Les esprits avaient-ils subi les mêmes variations, obéissaient-ils aux mêmes influences ? En un mot, quel avait été, et quel était alors l’état de la peinture en France ? Il faut qu’on nous permette de jeter les yeux sur ces diverses questions, avant de revenir à notre sujet pour ne le plus quitter.
Lorsque le Primatice, et avant lui le Rosso, furent appelés par François Ier pour diriger les travaux de ses maisons royales, il n’existait rien en France qui eût la moindre analogie avec la peinture italienne. Nous avions bien des peintres, et même des peintres d’un certain talent, mais les uns coloriaient encore, comme au temps passé, de délicates miniatures, d’autres faisaient quelques portraits d’une exacte et naïve ressemblance, le plus grand nombre peignait sur verre. La peinture sur verre, cet art qui avait grandi et prospéré sur notre sol, que l’Italie nous avait emprunté plusieurs fois, que jamais elle n’avait réussi à s’approprier, cet art tout national que nos gentilshommes exerçaient sans déroger, le moment approchait où il allait s’éteindre ; mais ses derniers heures devaient être éblouissantes, et nos artistes semblaient tenir à l’honneur de ne pas l’abandonner.
Ainsi des miniatures sur vélin, des portraits, des modèles de tapisserie, des vitraux, voilà ce qu’on faisait chez nous pendant qu’en Italie la peinture, après s’être glorieusement élevée à la plus haute perfection qu’elle puisse atteindre chez les modernes, inclinait déjà vers sa décadence.
Rien ne pouvait être plus funeste à la France que la tentative de la mettre d’emblée et d’un seul coup à l’unisson de l’Italie. En lui