Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
LITTÉRATURE DE L’ARCHIPEL D’ASIE.

de l’existence d’un vaste continent vers le pôle antarctique. Quoique, depuis Bougainville, l’Océanie n’ait cessé d’être parcourue par des navigateurs français dont plusieurs ont décrit, dans des relations pleines de savoir et de charme, les lieux qu’ils ont visités, et quoique, antérieurement à ces expéditions scientifiques, notre langue possédât les récits des plus curieuses explorations, entreprises depuis trois siècles dans ces mers lointaines, il n’y a guère plus de vingt-cinq à trente ans que la connaissance de l’Océanie est entrée dans le cercle des études géographiques usuelles. Des notions vagues et incomplètes, résumées en quelques lignes, étaient tout ce qu’on enseignait alors sur une partie du monde dont la circonscription embrasse toutes les terres qui s’élèvent du sein de cette mer immense qui, sous le nom de grand Océan et de mer des Indes, couvre la surface de plus de la moitié de notre globe.

Les limites du monde maritime, telles qu’elles sont fixées généralement, s’étendent depuis la pointe d’Atcheh (Achem), à l’extrémité nord-ouest de l’île de Sumatra, vers 5 degrés de latitude nord et 93 degrés 15 minutes de longitude orientale, jusqu’à 15 degrés à l’ouest des côtes d’Amérique. Du sud au nord, ces limites vont, depuis les îles de l’Évêque et son Clerc, à 55 degrés de latitude méridionale, jusqu’à 10 degrés au sud des îles Aleutiennes, placées vers le 40e degré de latitude boréale, et qui appartiennent à l’Amérique.

Le détroit de Malaca, situé entre la péninsule de ce nom et l’île de Sumatra, et le détroit des îles Baschi ou Babuyanes, entre les Philippines et l’île Formose, séparent le monde maritime de l’Asie ; l’île de Salas, qui le termine à l’est vers le 107e degré de longitude occidentale, place un intervalle de 600 lieues marines entre cette limite extrême et le continent américain.

Quatre grandes divisions signalées pour la première fois par un célèbre navigateur, M. Dumont d’Urville[1], partagent l’Océanie. La première se compose des riches et vastes contrées connues sous la dénomination d’archipel d’Asie ou d’Orient ; et quelquefois sous celle de Malaisie, du nom de la principale nation qui en occupe le sol, et comprend les îles de la Sonde, Java et Sumatra, — l’île de Bornéo, Célèbes, les Moluques et l’archipel des Philippines. Vers le sud, dans la seconde division appelée Mélanésie, s’élève l’Australie ou Nouvelle-Hollande, continent presque aussi étendu que

  1. Voyage de l’Astrolabe, exécuté en 1820, 1827, 1828 et 1829. Histoire du Voyage, t. II.