Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
L’ISTHME DE SUEZ.

Est-il maintenait possible de reprendre les travaux des anciens et des Arabes, et de rétablir la navigation par la même voie qu’ils avaient suivie ? On ne peut en douter, puisque les conditions sont à présent plus favorables qu’elles l’étaient jadis, le fond du Nil et conséquemment le niveau de ses eaux s’étant élevé d’une quantité notable depuis les temps anciens. Indépendamment de cet argument péremptoire, on peut s’en convaincre encore par les nivellemens précis et les recherches consciencieuses que M. Le Père a consignées dans son excellent mémoire sur le canal des deux mers. Il a montré qu’avec une dépense de 24 à 30 millions, on pourrait opérer la jonction de la mer Rouge avec le Nil, et en même temps avec la Méditerranée, en prévenant, par les moyens que fournit le génie moderne, tous les inconvéniens qui pourraient résulter du versement de la première dans la seconde. Or, que serait-ce qu’une telle dépense en comparaison de l’immense utilité de cette grande opération ?

On doit souhaiter que la complication actuelle des intérêts divers et opposés disparaisse devant la certitude des avantages qui pourraient résulter pour tous d’une telle entreprise, si l’on consentait à s’entendre ; mais il est à craindre que nous en soyons réduits pendant long-temps aux vœux et, tout au plus, à l’espérance.


Lettronne.