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GALILÉE.

s’était affaiblie de plus en plus depuis sa condamnation, il ne cessa de dicter des écrits admirables et de former des élèves tels que Torricelli et Viviani, qui héritèrent de sa gloire et continuèrent ses découvertes.

Nous avons dit que la cour d’Espagne n’avait jamais examiné le projet relatif au problème de la détermination des longitudes en mer. Après vingt années de pourparlers, les amis de Galilée se décidèrent à proposer sa méthode à la Hollande. Les états-généraux nommèrent une commission pour examiner le projet, mais les persécutions qu’éprouva Galilée et sa cécité firent encore échouer la négociation.

En butte à l’adversité, tout l’accablait à la fois. Sa famille éprouva une longue suite de malheurs ; son fils, pour lequel il avait fait de grands sacrifices, eut une conduite déréglée. Quant à lui, condamné à languir dans sa prison solitaire d’Arcetri, le grand-duc, qui allait le visiter, n’osait pas lui permettre de franchir le cercle tracé par l’inquisition de Rome ; il se faisait redemander plusieurs fois quelques bouteilles de vin nécessaires à la santé de l’illustre vieillard, et qu’il lui avait promises. Les moines persécutaient Galilée sans relâche, et ne voulaient permettre nulle part l’impression d’aucun de ses écrits ; partout où il envoyait ses ouvrages arrivait un ordre de Rome pour en interdire l’impression. Vainement les esprits élevés de tous les pays luttaient pour lui ; les oppresseurs étaient trop puissans, nul ne pouvait rien contre eux. Parmi les voix qui s’élevèrent alors en faveur de la vérité, la France peut revendiquer les plus illustres, les plus courageuses. Cependant il y avait du danger, même en France, à prendre la défense de Galilée, car Richelieu s’était prononcé contre le mouvement de la terre ; il alla jusqu’à vouloir le faire proscrire par la Sorbonne, et l’on sait qu’il possédait des moyens infaillibles pour réduire au silence ses contradicteurs. Pourtant Gassendi ne craignit point d’adopter les doctrines du grand aveugle de Florence. Mersenne traduisit ses écrits et les publia en donnant de justes louanges à l’auteur. Carcavi, qui devint plus tard bibliothécaire de Louis XIV, voulut donner une édition de ses œuvres. Diodati, avocat au parlement de Paris et savant distingué, qu’on a parfois confondu avec Jean Diodati, auteur d’une traduction de la Bible, dont on a beaucoup parlé, ne cessa jamais de prendre publiquement sa défense. Le comte de Noailles se chargea de faire imprimer les Discours et démonstrations mathématiques sur deux nouvelles sciences, ouvrage immortel qui justifie pleinement son titre, car on y trouve pour la première fois les véritables principes de la science du mouvement, et qui ne put paraître qu’à la condition qu’on déclarerait