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GALILÉE.

de Galilée ; mais on sait aussi que la plupart des ouvrages du grand philosophe toscan ont péri, et il ne faut pas s’étonner si, préoccupé de ses découvertes sur le système du monde, il ne songea pas à donner la description d’un instrument qu’il avait communiqué à un si grand nombre de personnes. D’ailleurs, on ne doit jamais oublier qu’un professeur n’a pas besoin d’imprimer ses travaux pour les rendre publics : du haut de sa chaire, il les expose, et les répand ainsi dans le monde. Pendant vingt ans, Galilée ne cessa de publier de cette manière ses découvertes, et l’on conçoit que les idées d’un maître célèbre, auprès duquel les élèves accouraient de toutes les parties de l’Europe, devaient se propager avec une merveilleuse rapidité. C’est ce qui arriva pour les expériences sur le pendule qu’il avait faites à Pise, et pour le thermomètre, qu’on ne trouve cependant mentionné chez d’autres auteurs que long-temps après.

Bacon n’a parlé qu’en 1620 des Vitra Kalendaria, et il les cite comme une chose déjà connue. Fludd, qui voyagea en Italie, et qui était de retour en Angleterre en 1605, n’a commencé à publier ses travaux que beaucoup plus tard. Drebell, auquel on a attribué tant de découvertes merveilleuses, fit paraître en 1621, la description de ce qu’on a appelé son thermomètre, et qui n’était qu’un appareil destiné à montrer la faculté qu’a l’air de se dilater en s’échauffant. Au reste, Drebell semble avoir presque copié une indication qui se trouvait déjà dans les Pneumatiques de Porta. Avant tous ces auteurs, Sanctorius, homme du plus grand mérite, si connu pour sa médecine statique, avait décrit cet instrument dès l’année 1612 ; enfin Sarpi, qui n’en parla jamais dans ses ouvrages imprimés, paraît s’en être occupé en 1617.

Ces dates suffisent pour assurer la priorité à Galilée ; mais il n’est pas moins vrai que cette invention fut divulguée par d’autres, et qu’on ne la trouve pas dans les ouvrages de ce grand physicien. Cependant on a toujours omis de mentionner l’écrivain qui l’a d’abord fait connaître. C’est dans la traduction italienne des Pneumatiques de Porta qu’en 1606 parut pour la première fois l’indication d’une espèce de thermomètre. On se tromperait cependant si l’on voulait attribuer à Porta une telle découverte. Le physicien napolitain avait l’habitude de reproduire les inventions de ses contemporains sans les citer. D’ailleurs, le thermomètre ne se trouvant pas indiqué dans la première édition de cet ouvrage, qui avait paru en latin en 1601, il est bien probable que, dans l’intervalle, l’auteur avait eu connaissance, d’une manière imparfaite au moins, de l’instrument que Galilée montrait à Castelli en 1603.