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reprend son volume primitif en se refroidissant, fonda sur cette observation très simple l’instrument destiné à rendre sensibles à la vie les variations de la température. Cet instrument se composait d’un tube de verre de petit diamètre, ouvert à l’une de ses extrémités, et terminé à l’autre bout par une boule. Après y avoir introduit un peu d’eau, on plongeait l’extrémité du tube dans un vase rempli d’eau, en maintenant l’instrument dans une position verticale. La pression de l’air extérieur retenait le liquide dans le tube, et le thermomètre était construit. En effet, en approchant un corps chaud de la boule de cet instrument, l’air intérieur se dilatait, et chassait le liquide, qui descendait dans le tube et qui remontait ensuite par le refroidissement. Galilée avait gradué le tube pour pouvoir faire des observations. Cet instrument n’était pas, comme disent les physiciens, comparable ; car, étant dépourvu de points fixes dans l’échelle, on ne pouvait pas comparer entre elles les observations faites avec deux de ces appareils : c’était un thermoscope plutôt qu’un thermomètre. De plus, il servait à la fois de thermoscope et de baromètre. Le liquide montait ou descendait dans le tube, suivant les variations du poids de l’atmosphère et d’après l’évaporation qui s’opérait à l’intérieur. On était encore loin des thermomètres actuels, et pourtant la véritable physique, la physique du poids et de la mesure, ne prit naissance que du jour où cet instrument fut inventé ; car jusqu’alors les instrumens qu’on avait imaginés pour mesurer les effets naturels ou les propriétés des corps étaient des objets de curiosité qu’on n’employait presque jamais, tandis que le thermomètre devint bientôt d’un usage journalier par l’influence de Galilée, qui ne se lassait pas d’insister sur la nécessité d’introduire la mesure dans la philosophie naturelle, et qui ne cessa pendant toute sa vie d’imaginer de nouveaux instrumens propres à l’observation et à la mesure des effets naturels.

Il n’existe peut-être pas une découverte qui ait eu autant de prétendans que celle-ci. Elle fut attribuée à Bacon, à Fludd, à Drebell, à Sanctorius, à Sarpi. Mais des témoignages irrécusables prouvent que Galilée avait construit son thermomètre avant 1597, et il résulte de pièces authentiques qu’en 1603, au plus tard, il en avait montré les effets au père Castelli. On voit par une lettre de Sagredo que, dès 1613, cet ami zélé de Galilée faisait à Venise des observations avec le thermomètre inventé par Galilée, et qu’il avait déjà déduit de ces observations des résultats fort importans pour la météorologie. Il est vrai qu’on ne lit pas la description du thermomètre dans les œuvres