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SALON
DE 1841.

Le fait seul d’une exhibition annuelle et à jour fixe de deux à trois mille ouvrages d’art, tous exécutés par des artistes nationaux, est en soi si singulier, qu’avant même tout examen de la valeur de ces productions, il vaut la peine d’être remarqué. La France est en effet le seul pays où l’art se révèle dans de telles proportions, et c’est celui aussi où il affecte de préférence ce mode de manifestation. D’autres villes, Rome, Bruxelles, Londres, Munich, etc., ont quelque chose d’analogue à nos salons ; mais quiconque a vu ces expositions a pu s’assurer de leur insignifiance. Le salon est une institution toute française. Elle a sans doute des racines dans les destinées de l’art en Europe, et, sous ce rapport, elle n’est pas un phénomène isolé ; mais ces causes générales ont amené chez nous, par suite de certaines circonstances locales, des résultats qu’elles n’ont pas produits ailleurs, du moins d’une manière si tranchée.

La décadence de l’art, vu en grand, est un fait sur lequel on est assez généralement d’accord. C’est presque un lieu commun. On ne dispute guère que sur les causes, le degré et le caractère de cette décadence, et surtout sur les moyens d’y remédier. Nous n’agiterons