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ACADÉMIE FRANÇAISE.

RÉCEPTION DE M. VICTOR HUGO.

Il s’est accompli, il y a peu de jours, dans la sphère de la littérature et de la poésie, un de ces évènemens rares et éclatans qui ont le privilége d’exciter avant, pendant et long-temps après leur durée, l’attention des esprits sérieux et la curiosité même des gens frivoles. Deux planètes, qui semblaient destinées à décrire dans le champ de l’art une asymptote éternelle, deux principes, puissans l’un et l’autre, mais à des titres opposés, le génie de la tradition et le génie de la poésie vivante et actuelle, le mouvement et la résistance, M. Victor Hugo et l’Académie française se sont rencontrés face à face, et ont opéré, sous la coupole du palais Mazarin, leur laborieuse et mémorable conjonction. Comme on le pense bien, la foule était grande à ce spectacle. Toute l’élite de la société parisienne, qui s’intéresse ou qui a la prétention de s’intéresser aux mouvemens supérieurs de la pensée, se pressait dans l’étroite enceinte. On attendait avec anxiété le choc de cette prodigieuse antithèse, arrivée peut-être au moment