Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/829

Cette page a été validée par deux contributeurs.
825
DE L’ARIANISME.

grace auprès de l’empereur. Deux de ses plus notables partisans, Eusèbe de Nicomédie et Théognis de Nicée, recouvrèrent leurs sièges, et les évêques nommés à leur place furent obligés de se retirer. Sans perdre de temps, Eusèbe de Nicomédie proposa à Athanase de rendre la communion à Arius. L’évêque d’Alexandrie répondit qu’il ne ferait rien de contraire au concile de Nicée. On le dénonça auprès de l’empereur, qui lui fit parvenir l’ordre de ne refuser à personne la communion de l’église.

Plus Arius mettait d’insistance pour rentrer dans le sein de l’église, plus Athanase déployait de fermeté pour l’en tenir éloigné. Il ne croyait pas aux rétractations de son adversaire ; il savait qu’Arius et ses partisans se réservaient toujours de reprendre par des commentaires ultérieurs ce qu’ils paraissaient avoir abandonné. Cette conviction lui inspira la résolution inébranlable de ne jamais permettre qu’Arius reprît dans son diocèse les fonctions sacerdotales. Alors commença entre les catholiques et les ariens un échange d’accusations et de calomnies. Jamais les factions politiques n’ont montré plus d’acrimonie et de haine que n’en répandirent les uns contre les autres ces chrétiens et ces prêtres. Athanase, par son refus opiniâtre de communier en aucune façon avec les ariens, semblait aux hommes modérés et concilians un obstacle fâcheux à la pacification de l’église. Les partisans d’Arius répondirent à cette opposition intraitable par des agressions furieuses ; ils accusèrent Athanase auprès de l’empereur de complots séditieux ; ils lui imputèrent le projet d’empêcher l’exportation du blé d’Alexandrie à Constantinople. Constantin, dans un mouvement de colère, prononça l’exil d’Athanase et le relégua à Trêves, dans la Gaule.

Sur ces entrefaites, un accès de colique enleva Arius, et les catholiques se mirent à crier au miracle. Arius avait obtenu un ordre de l’empereur, qui enjoignait à l’évêque de Constantinople de l’admettre à la communion des fidèles dans l’église. La veille du jour qui devait éclairer son triomphe, il parcourait la ville environné de nombreux partisans, quand des douleurs d’entrailles le contraignirent à chercher un endroit secret. Ceux qui l’accompagnaient l’attendirent, mais en vain ; il ne revint pas ; il était mort subitement. Ce fut un cri de triomphe de la part des catholiques : Dieu avait frappé l’impie qui se préparait à souiller son temple ! Athanase lui-même ne se refusa pas le plaisir de voir l’intervention divine dans un accident aussi naturel, et Constantin témoigna sa joie d’un évènement qui devait, selon lui, couper court à tout débat, comme si les