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LA MARSEILLAISE DE LA PAIX.

« Aussi long-temps que les rocs s’élèveront au milieu de son courant, aussi long-temps que les hautes cathédrales se reflèteront dans son miroir.

« Ils ne l’auront pas, le libre Rhin allemand, aussi long-temps que de hardis jeunes gens feront la cour aux jeunes filles élancées.

« Ils ne l’auront pas, le libre Rhin allemand, jusqu’à ce que les ossemens du dernier homme soient ensevelis dans ses vagues. »


RÉPONSE À M. BECKER.

Roule libre et superbe entre tes larges rives,
Rhin, Nil de l’Occident, coupe des nations !
Et des peuples assis qui boivent tes eaux vives
Emporte les défis et les ambitions !



Il ne tachera plus le cristal de ton onde,
Le sang rouge du Franc, le sang bleu du Germain ;
Ils ne crouleront plus sous le caisson qui gronde,
Ces ponts qu’un peuple à l’autre étend comme une main !
Les bombes et l’obus, arc-en-ciel des batailles,
Ne viendront plus s’éteindre en sifflant sur tes bords ;
L’enfant ne verra plus, du haut de tes murailles,
Flotter ces poitrails blonds qui perdent leurs entrailles,
Ni sortir des flots ces bras morts !



Roule libre et limpide, en répétant l’image
De tes vieux forts verdis sous leurs lierres épais,
Qui froncent tes rochers, comme un dernier nuage
Fronce encor les sourcils sur un visage en paix !



Ces navires vivans dont la vapeur est l’ame
Déploîront sur ton cours la crinière du feu ;