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LE SALON.

L’opinion du public a sa valeur, mais régnant seule, elle est pernicieuse ; il lui faut un contre-poids. Ce contre-poids, on ne peut le trouver que dans les artistes. C’est aux artistes qu’il appartient de se juger eux-mêmes en dernier ressort, et d’exercer sur leurs propres œuvres un contrôle plus compétent. Les récompenses accordées chaque année aux exposans pourraient être utiles, si la distribution n’était pas, plus ou moins directement, dictée par le bruit public, sans compter ses autres défauts. Le rétablissement du prix décennal, convenablement modifié, pourrait satisfaire, au moins en partie, au besoin que nous indiquons. Déjà, à une autre époque, cette institution a produit d’excellens résultats ; il en est sorti les meilleurs ouvrages de l’ancienne école. Dans un concours de ce genre, où les concurrens eux-mêmes décerneraient le prix, la décision serait fondée sur des motifs tirés non du dehors, mais de l’art même ; les ouvrages couronnés ne seraient pas toujours ceux que le public a le plus applaudis mais les meilleurs dans le sens absolu, et les concurrens, ayant à se juger réciproquement, sauraient d’avance qu’ils ne pourront vaincre qu’en mettant dans leurs œuvres tout ce qu’ils exigeront certainement de celles de leurs rivaux.

Nous terminerons cet examen du salon de 1841 par cette vue, qui, mieux développée, pourrait offrir quelque intérêt.


Louis Peisse.