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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 avril 1841.


C’est le verdict du jury dans l’affaire du journal la France qui a le plus vivement occupé l’attention publique dans ces derniers jours. Le parti légitimiste en triomphe, et il se trouve indirectement secondé par tous ceux qui ne cherchent avant tout qu’une occasion et un prétexte d’attaque contre le gouvernement établi. Tout en se montrant très hostile au parti de la contre-révolution, ils lui viennent en aide en cherchant, eux aussi, à rabaisser les institutions et les pouvoirs que notre glorieuse révolution a fondés ; ils lui viennent en aide en s’efforçant de décrier tout ce qui se fait depuis dix ans. Le parti légitimiste profite, il n’est pas besoin d’habileté pour cela, de nos dissentimens politique ; faible, impuissant, il se croit cependant quelque force et sent ses espérances se ranimer lorsqu’il se trouve en présence de la révolution, désunie, agitée par des discordes intestines. Il ne compte pas sur lui-même : qu’est-il ? que peut-il ? C’est sur nous qu’il compte. Il se flatte d’être un jour ramené au pouvoir par les folies de la révolution, comme il le fut en 1814 par les excès de l’empire.

Il se trompe. Malgré nos erreurs et nos divisions, la révolution est enracinée dans le pays, parce qu’elle a été l’œuvre du pays, et qu’elle est l’expression sincère des besoins et des sentimens de la France. Le parti légitimiste, avec ses hardiesses, ses témérités, rend un témoignage éclatant de la modération et de la force de notre révolution. Il lui est hostile, il l’attaque, il l’insulte, il la harcèle ; elle le protége. Elle lui a dit ce qu’elle était, ce qu’elle voulait être, le jour où elle accompagnait respectueusement un prince imprudent, coupable, de Rambouillet à Cherbourg ; elle a tenu parole. Que le parti légitimiste ne l’oublie pas : nul n’a plus besoin que lui de la force, de la stabilité du gouvernement de juillet. Malheur à lui le jour où ce gouvernement s’affaisserait ! La France d’aujourd’hui n’est pas la France lasse, épuisée de 1815, et la France d’aujourd’hui se connaît en restaurations ; elle sait à quoi s’en tenir.

Qu’on ne se trompe pas sur le sens de nos paroles. Nous n’entendons point,