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queur de Mme de Mirbel ; entreprise assez difficile, à ce qu’il paraîtrait, mais qui ne nous semble pas pourtant au-dessus des forces humaines.

On nous a invité à faire mention d’un portrait du salon carré, sous le no 1000, et ayant pour titre : un Octogénaire. Nous avons vu une tête de buis jauni, travaillée avec tout le goût et la profondeur de science d’un trompe-l’œil. C’est là certainement une peinture inusitée, et qui dépasse toute prévision. On attribue aussi au même auteur les deux terribles Ramoneurs du bout de la galerie. Il en est certes bien capable ! Nous le complimentons sincèrement pour ces tableaux qui lui font beaucoup d’honneur, et qui n’honorent pas moins le jury qui les a, dit-on, admis par acclamation, le public qui les admire, et les critiques qui les analysent et en décrivent les beautés. Ce que c’est que de nous !

Dessins, gravure, lithographie, architecture, etc. — Dans l’examen de cette multitude de petits cadres qui forment comme l’arrière-garde du corps d’armée dont nous venons de faire la revue, nous nous bornerons à l’indispensable. Parmi les dessins, quelques petits portraits au pastel, de M. Étex, et surtout de M. Gérard-Seguin, nous ont paru finement touchés. Nous y avons vu une vingtaine de pots de fleurs, entre lesquelles nous ne saurions choisir, tant elles se ressemblent. Dans le genre des aquarelles, M. Hubert nous paraît fortement ébranlé dans son règne, si paisible jusqu’ici, par M. Callow, et surtout par M. Heroult, qui ont trouvé dans ces ingrates et dures couleurs des tons souples et fins qui approchent de ceux de la peinture à l’huile. Les vues topographiques et stratégiques de MM. Siméon Fort et Jung, faites pour le dépôt de la guerre, sont, dans ce système tout spécial, exécutées avec beaucoup d’habileté et d’art. On y peut joindre, comme complément, les vues géologiques et minéralogiques des effrayans défilés des Portes de fer, coloriées et dessinées par M. Dauzats avec beaucoup de vigueur et de caractère. En gravure, il n’y a rien d’important ; c’est un art en décadence, qui périt sous la concurrence des moyens plus expéditifs de reproduction qu’on invente et qu’on perfectionne chaque jour, mais dont aucun pourtant ne saurait le remplacer. Les pièces les plus intéressantes sont une Madone dite de Raphaël, par M. Desnoyers, la Vierge au silence, de M. Richomme, d’après A. Carrache, et la Vierge au candélabre, par M. Bridoux, d’un burin un peu trop symétrique, mais traitée avec assez de morbidesse. Le travail trop mécanique de la taille dépare aussi un peu la Madone de M. Leroux, d’après le Pinturicchio. M. Forster a gravé avec une extrême recherche, mais avec