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LE SALON.

On a eu l’ingénieuse attention de placer M. Dubuffe à côté de M. Amaury-Duval, qui gagne ainsi tout ce que l’autre perd à la comparaison.

M. Dubuffe nous fait songer involontairement à M. Winterhalter, quoique ce dernier eût certainement droit de se plaindre d’un rapprochement direct. Dans le portrait en pied de madame la duchesse de Nemours, il a prodigué les lis, les roses et le fard. C’est une peinture dont la toilette n’est pas moins recherchée que celle du modèle ; elle a une sorte d’élégance et de distinction qui, sans appartenir positivement à l’art, y suppléent. Comme composition et goût général, ce portrait est un peu dans la manière anglaise. Le magnifique satin blanc brodé de la robe est peint avec talent et surtout avec adresse. L’effet d’ensemble est gai, agréable et gracieux. C’est le Décameron. Mais n’insistons pas ; il ne faut prendre de ces peintures que la superficie. Il faudrait appuyer plus légèrement encore sur deux ou trois portraits de femmes de M. Louis Boulanger, dont la peinture est d’une ténuité et d’une volatilité telles que le plus léger souffle la ferait disparaître.

La manière de M. Chasseriau n’a pas cet inconvénient, mais elle a un autre tort ; elle est ingrate et déplaisante. Peu de femmes voudront se soumettre au procédé inhumain de dissection qu’il a fait subir à une comtesse (no 328). Le portrait de M. Lacordaire, dans son habit de dominicain, exécuté dans un système différent, est d’un aspect moins fâcheux. Il y a de l’étude, du soin, quelque habileté d’exécution dans ces deux ouvrages, mais, en fait d’art, on ne peut tenir compte que de ce qui réussit.

Quelques portraits de M. H. Scheffer, particulièrement ceux de MM. Berryer, N. Lemercier et Casimir Delavigne, ont de la vérité et de la simplicité. Ils n’ont rien d’original ni de très saillant, comme style et exécution, mais ils ont le grand mérite de se donner pour ce qu’ils sont ; ils tiennent tout ce qu’ils promettent.

On peut joindre à cette liste déjà longue, avec quelques portraits de M. Étex (J.), le portrait en pied du maréchal Soult, par M. Healy, celui de M. de Barante, par M. Court, qui a peint aussi, comme on sait, un roi et une reine, et enfin, comme particulièrement remarquable par le goût du dessin et la distinction de l’exécution, un portrait en pied de jeune femme, de M. Brémond, qui méritait une place meilleure.

Nous nous croyons dispensés de mentionner les miniatures. C’est le parti qu’il faudra adopter jusqu’à ce qu’il se soit présenté un vain-