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LE SALON.

étudiés et rendus avec moins de servilité, et traités avec plus d’imagination, qu’on n’en trouve dans la plupart des autres. Ceux de M. Empis, de M. Diday, et de M. Posé ont de bonnes parties, et portent la marque d’études sérieuses et de mains habiles.

La distinction des manières et des styles est aussi tranchée dans le paysage que dans les autres genres de peinture, mais il est beaucoup moins aisé de la déterminer. La langue commune se refuse à toute analyse précise de ces différences délicates, et ne trouve que les mêmes mots pour les choses les plus opposées. C’est là l’inconvénient de la langue générale des arts, qui ne peut exprimer qu’à demi et de fort loin, ce qui est si bien et si sûrement discerné par l’intuition immédiate du sentiment. Ainsi, il serait impossible de tracer des lignes de démarcation bien distinctes, entre la manière de M. Flers par exemple, qui a pourtant beaucoup de physionomie, et celle de M. Thuiller, qui en diffère tant. On ne peut que renvoyer à la Rivière du premier (no 718) et à la vue italienne du second (salon carré). Il en est de même pour les paysages de M. Jolivard, comparés à ceux, par exemple, de M. Mercey, ou de M. Ricois. Quelquefois cependant l’exagération d’un procédé peut fournir une indication ; par exemple, pour M. de Laberge qui affecte une précision tellement minutieuse qu’il nous permet de compter une à une les feuilles et les rameaux les plus déliés d’un arbre, dans son Paysage no 503 (sous la Partie d’échecs). L’exactitude du dessin et la recherche de la forme distinguent aussi assez convenablement la manière de M. Jules Coignet C’est sous la protection de cette excuse que nous nous permettrons de citer sans commentaires plusieurs ouvrages de la même école, tels que ceux de Mme Sarrasin de Belmont, de MM. Hostein, Danvin, Loubon (Bords de la Durance, Bergers émigrans) et Brune, quoique ce dernier se rapproche un peu de la catégorie suivante.

Il est remarquable que l’école qu’on appelait autrefois historique, et qu’il faudrait nommer idéaliste parce que le mot est plus compréhensif, a produit en peu d’années un grand nombre d’ouvrages fort distingués, et que, sauf M. Cabat et M. Jules Dupré, dont on regrette cette année l’absence, elle possède les talens les plus originaux. L’ancienne école classique ou plutôt académique n’a plus guère d’autre représentant que M. V. Bertin qui modèle encore un paysage suivant les règles les plus pures de Valenciennes, comme on peut le voir dans sa vue de la Ville de Nicotera en Calabre ; ouvrage auquel on peut joindre, mais avec restriction, le Tobie de M. Boisselier. La