Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.
399
L’ÉCOSSE.

journaux écossais font cependant grand bruit du recueil de ce dernier, qui n’est, après tout, qu’un très faible imitateur de Burns, poète plus inimitable qu’aucun autre.

Si l’on songe à la rapidité des communications entre l’Écosse et l’Angleterre, on ne peut que s’émerveiller du grand nombre de feuilles périodiques paraissant tous les dimanches ou de deux jours l’un, qui ont cours dans le pays. L’Écosse, qui n’a que 2,400,000 habitans, n’a pas moins de cinquante journaux. Le Scotsman, le Caledonian Mercury, l’Evening courant et le Weekly journal, sont les plus répandues de ces feuilles. Le Scotsman et le Caledonian Mercury sont whigs, de couleur plus ou moins tranchée, selon la direction du jour. Le Scotsman a eu long-temps pour directeur M. Mac-Culloch, l’économiste, puis M. William Retchie, et enfin M. Maclean ; ses opinions sont loin d’être aussi prononcées qu’elles l’étaient il y a quinze ans. Le Scotsman attaque avec énergie les chartistes et les réformistes républicains, fort peu nombreux en Écosse, où ils n’ont pu jusqu’à ce jour régulariser leur action. Le Weekly journal et l’Evening courant, tous deux tories, ont, le premier, environ 3,000, et le second 2,000 abonnés. Le Weekly journal existe depuis cinquante ans ; il a eu pour patrons pendant plusieurs années Walter Scott et les frères Ballantyne.

Glasgow et les autres comtés ont aussi leurs journaux, dont les annonces forment le plus clair du revenu. Ces feuilles, même celles qui s’impriment dans les comtés du nord, dans le Sutherland et les îles Shetland, sont de dimensions colossales, comparées surtout à nos journaux ; leur grand art est de satisfaire les opinions qui règnent en majorité dans le canton, de manière à gagner le plus possible d’abonnés. Ils ne cherchent donc ni à former ni à diriger l’opinion comme en France, ils la consultent et se mettent à sa suite ; ce rôle est plus modeste, mais aussi plus lucratif.

On a calculé qu’en Écosse les frais de publication d’un journal coûtaient moitié moins qu’à Londres ; la distribution, en revanche, est plus onéreuse, les communications étant plus difficiles, surtout dans les montagnes et dans les îles. À Londres, l’éditeur ou directeur d’une feuille périodique accréditée reçoit de quatre cents à mille livres sterling d’appointemens par an ; il est rare qu’en Écosse le directeur d’un journal touche plus de quatre cents livres ; les émolumens ordinaires sont de cent cinquante à trois cents livres. Les directeurs sont souvent des écrivains de mérite, mais dont le talent brille plutôt par la raison froide et la méthode que par le mouvement et l’élévation.