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dans la capitale de l’Écosse, les mêmes faiblesses que les littérateurs de profession à Londres, ils trouvent à Édimbourg plus de moyens de les satisfaire ; si leur vanité est excessive, du moins elle n’est pas souffrante et tracassière. Chacun d’eux trouve à qui parler, et sait qu’il est écouté. À Édimbourg et à Glasgow, l’homme le plus médiocre aurait son cercle, mais l’homme médiocre renoncera à se produire, de peur de se donner un ridicule. Les gens d’esprit n’ont qu’à gagner à cette retenue, la concurrence est moins grande, et l’on est à peu près certain que le bon grain ne sera pas étouffé sous l’ivraie.

La force d’affinité qui tend à rapprocher les talens isolés a d’autant plus d’énergie en Écosse, qu’elle agit dans un espace plus resserré C’est elle qui a donné naissance à cette foule d’établissemens littéraires et scientifiques qui distinguent Édimbourg de toute autre ville[1]. Plus de vingt de ces sociétés y tiennent leurs réunions périodiques et correspondent entre elles. Ces sociétés publient les procès-verbaux de leurs séances, et quelquefois ont leur journal. Leurs membres, nombreux et instruits répandent dans le monde le goût des sciences et des lettres. Cette même force d’affinité rassembla, vers le commencement du siècle, des esprits d’élite qui partageaient les mêmes opinions littéraires, philosophiques et politiques. Jaloux de communiquer leurs croyances et leurs sympathies au public, ils se mirent en correspondance périodique avec lui. De là l’origine des revues. Les écrivains écossais n’en sont pas tout-à-fait les inventeurs ; ils n’ont fait qu’élargir la route que la revue de Daniel de Foë, le Tatler, le Spectator et le Rambler leur avaient ouverte. Les rédacteurs du Mirror, du Lounger et du Monthly Magazine, les premiers recueils de ce genre qui aient paru en Écosse, vers la fin du dernier siècle, cherchèrent, dans le principe, à combiner, dans un ouvrage périodique, la forme philosophique des compositions de Johnson et d’Addison avec la forme critique et analytique du Mer-

    Les appointemens d’un membre de la cour de session (court of session) sont de 2,000 livres par an (50,000 francs).

  1. Royal society, Vernerian Society, Society of Antiquaries, Speculative society, Society of Arts, School of Arts, Royal medical society, Royal physical society, Scottish academy of the Fine Arts, Advocate’s library, Library of Writers, Highland society, Caledonian society, Astronomical institution, Royal college of Surgeons, Royal college of Physicians, etc. ; nous sommes forcé d’abréger la liste de ces Sociétés, parmi lesquelles il faut citer encore comme établissemens d’éducation l’Université, l’Académie et la Haute-École.