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L’ÉCOSSE.

dustrie et le commerce furent même encouragés avec une sorte de libéralité dont les Écossais s’étonnèrent. Ces sages mesures et ces encouragemens ont porté leurs fruits ; la prospérité du pays a suivi une marche rapide, et la richesse a décuplé. Tels furent les bienfaits de cette union, si long-temps maudite, et contre les promoteurs de laquelle Glasgow s’était soulevé. Cette ville elle-même lui doit sa fortune. En 1707, année de l’union, elle ne comptait que 14,000 habitans ; cent ans plus tard, en 1807, elle en comptait 147,000 ; de 1807 à 1840, dans l’espace de trente-trois ans, cette population, déjà si considérable, s’est encore accrue de moitié ; Glasgow compte aujourd’hui 280,000 habitans. Cette ville, comme place de commerce est la quatrième de l’Angleterre. En 1840, la douane de son port a perçu 898,579 liv. de droits (22,464,375 fr.)[1]. Lors de l’union, les douanes de l’Écosse tout entière produisaient à peine 34,000 liv. sterling.

L’industrie, comme le commerce, a marché à pas de géant ; Glasgow a des fonderies dans ses faubourgs qui rendent annuellement 200,000 tonnes de fer fondu, c’est-à-dire le cinquième de tout le fer obtenu dans les trois royaumes. Cette ville a de plus 80 grandes filatures et fabriques qui mettent en mouvement un million de fuseaux ; elle a encore 50,000 métiers que la vapeur et la main de l’homme font mouvoir Ses calandreries peuvent calandrer par jour 160,000 mètres de tissus, et ses imprimeries en teindre un nombre à peu près égal. Les usines de toute espèce que cette ville renferme ne peuvent se compter ; elles fabriquent des acides, des soudes, des savons, en un mot des produits chimiques de tous genres, mais surtout de magnifiques couleurs qui servent à la teinture des étoffes de ses manufactures.

À Édimbourg et à Aberdeen, quoique la ferveur industrielle soit loin d’être la même qu’à Glasgow, la richesse et la population ont également pris un accroissement des plus notables. Édimbourg compte aujourd’hui 180,000 habitans, et Aberdeen 70,000. Ce merveilleux développement industriel ne s’est pas arrêté aux seules grandes villes ; il a atteint les villes du second ordre et les bourgades,

  1. Voici pour 1840 le revenu annuel du Custom-Duty des six principaux ports de commerce du royaume-uni :

    Londres
    11,116,685 livres
    Liverpool
    4,607,326
    Bristol
    1,027,160
    Glasgow
    898,579
    Dublin
    889,564
    Leith
    602,999