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LE SALON.

guère la peine d’être peintes. On peut rapprocher de ce tableau celui où M. Guiaud a représenté le Cortége funèbre de Napoléon, au moment de son passage sur la place de la Concorde.

Il y a quelques petits tableaux dans le goût des Hollandais. L’Intérieur d’atelier, de M. Jollivet, vise au fini précieux du détail et à la parfaite illusion de la lumière et du clair-obscur. Sans pouvoir bien préciser en quoi il pèche, il nous semble qu’il n’arrive pas au but. Il est minutieux sans finesse, exact plutôt que vrai. C’est la perfection du travail, moins l’art ; La Mansarde, de M. Digout, est une assez agréable réminiscence de Rembrandt, auquel il est assez facile de ressembler de loin. M. de Loos laisse voir dans son Maître d’école les traces de ses études sur Wilkie et sur Ostade ; c’est une imitation libre et non une simple traduction. La Cuisinière, de M. Béranger, est également une parente éloignée de celles de Mieris et de Metzu. Enfin nous indiquerons, comme appartenant, quoique moins directement, à la même école, l’Attente, et surtout les Contrebandiers en Angleterre, de M. Aug. Delacroix, qui nous semblent mériter une mention particulière.

La Comédie française, de M. Geffroy, mérite une note à part. Il fallait beaucoup d’art et d’esprit pour donner à cette scène un autre intérêt que celui de la curiosité. M. Geffroy y en a mis assez pour y faire, à son talent de peintre, une part honorable. Ce congrès dramatique est représenté avec un art de mise en scène qui ne doit pas surprendre, mais en même temps avec un goût d’artiste qui pourra s’appliquer ailleurs. Il est présidé par Célimène, assistée d’Hermione placée un peu en avant, mais plus bas ; tout autour se rangent par degrés insensibles, mais avec une variété d’intentions que nous ne voulons pas pénétrer, Mascarille, Figaro, Richelieu, Jacoub, Oreste, Chérubin, etc ; la distribution des rôles est parfaite. Les têtes sont très ressemblantes, sans être positivement des portraits, car l’artiste a voulu nous montrer les comédiens plutôt que les individus. L’agencement des groupes est bien entendu et conforme aux convenances pittoresques.

Le genre historique ou anecdotique est d’ordinaire très abondant, et cette année il n’a pas eu moins de fécondité. Mais on nous permettra d’être très sobre de citations. En première ligne, nous rencontrons les trois grandes compositions de M. Alaux, Son Assemblée des notables à Rouen, sous Henri IV, outre l’intérêt de l’exactitude historique des moindres détails du lieu et du fait, qui importe peu ici, est très remarquable par l’entente de la perspective, par la dispo-