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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 avril 1841.


La loi sur les crédits supplémentaires de 1841 a été, dans la chambre des députés, l’occasion d’une vive et belle lutte parlementaire. Malheureusement, dans nos jours d’apathie, ces rencontres n’ont guère d’autre résultat que de faire briller un instant le courage et l’habileté des combattans.

C’est pour la troisième fois, depuis l’ouverture de la session, que la chambre se trouve saisie des grandes questions politiques et financières qui intéressent si profondément l’avenir du pays ; elle les retrouvera dans la discussion du budget. Ce retour des mêmes questions devant une chambre qui se fatigue facilement et qui tient volontiers pour épuisée toute question débattue, ne nous paraît pas d’une bonne tactique parlementaire, surtout lorsqu’on aborde prématurément, et d’une manière nécessairement incomplète, une question capitale. Le débat du jour affaiblit, attiédit le débat du lendemain ; l’escarmouche nuit au combat ; les uns sont fatigués, les autres taxent d’obstination une lutte qui leur paraît désormais décidée, des efforts qui leur semblent bien inutiles. La question est ainsi éventée ; elle n’a plus ni nouveauté ni fraîcheur ; il n’y a pas de si petit esprit qui ne se persuade en connaître jusqu’aux derniers replis, par cela seul qu’il en a entendu parler plus d’une fois. « Tout est dit là-dessus ; » dès que ces terribles paroles sont prononcées tout est dit en effet, dans ce sens qu’il y a parti pris, même pour les hommes d’ailleurs honnêtes et impartiaux. C’est alors qu’on peut appliquer aux débats parlementaires ce qu’on dit des jeux de la Bourse : l’effet de la nouvelle est escompté.

Ces réflexions nous sont suggérées par la vive discussion qui a donné aujourd’hui à la chambre des députés une de ses passagères émotions.

C’était sur la question financière que paraissaient d’abord devoir se concentrer les efforts des orateurs. Le débat politique avait été pour ainsi dire étouffé,