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toire continental, et surtout avec la commission constitutionnelle de Limeni. Le président, espérant réduire cette partie des insurgés, était allé lui-même dans le Maïna et n’avait pas eu lieu de se féliciter de ce voyage. Partout où la rébellion n’était pas flagrante, les esprits étaient si irrités, qu’on devait s’attendre aux plus funestes collisions. M. Capodistrias revint donc à Nauplie probablement assez inquiet, et traînant à sa suite le colonel Constantin Mavromichalis, qu’il ramenait pour le mettre sous la surveillance immédiate de sa police.

Plusieurs fois des troubles avaient éclaté à Égine et sur d’autres points. Entre les soulèvemens les plus remarquables, on peut mentionner celui du corps commandé par Tzami-Caratassos, qui était cantonné à Éleusis. Le gouvernement envoya des troupes nombreuses, appuyées par de la cavalerie et de l’artillerie. La victoire resta aux gros bataillons, commandés par M. Augustin Capodistrias. Alors arriva en Grèce un numéro du journal anglais le Globe, dont un long article, dirigé contre M. Capodistrias, l’accusait d’attendre le résultat de négociations entamées entre la Porte et la Russie, pour se faire déclarer souverain du Péloponèse, érigé en hospodarat vassal. À cette nouvelle, qui ne parut ni improbable ni controuvée à personne, on jeta les hauts cris ; le gouvernement, ordinairement si dédaigneux et si insouciant des réclamations populaires, se crut obligé de faire démentir les assertions du Globe par son organe officiel ; mais ce démenti fut articulé avec embarras, et tout le monde sut ce qu’il valait.

Les troubles devenaient chaque jour plus alarmans, et les plénipotentiaires de Poros jugèrent enfin convenable d’en rechercher les causes. Ils se firent autoriser par le président à s’entendre avec les délégués que les Hydriotes proposaient de leur envoyer, et l’on vit débarquer à Nauplie une députation composée de MM. George Conduriottis, Miaulis Jean Boudouris et Mavrocordato. Après quelques débats, relatifs aux indemnités de guerre réclamées par les insulaires pour la perte de leur commerce, on attaqua le fond de la question ; le rétablissement de la constitution de Trézène, la convocation immédiate de l’assemblée nationale, furent solennellement demandés. Comme on devait s’y attendre, le président repoussa ces propositions avec hauteur ; il refusa de céder à des rebelles et donna pour raison concluante que les travaux de la conférence de Londres ne pouvaient qu’être fort compliqués par une accession aux volontés des mécontens. Cette preuve d’égards pour les illustres diplomates réunis dans la capitale du royaume-uni réussit-elle à émouvoir leurs délégués de Poros ? On ne sait ; mais les députés hydriotes se retirèrent exaspérés, et tout rapport fut rompu entre eux et le gouvernement. La Grèce, trop étendue sans doute, formait dès-lors deux pays. Une commission municipale s’organisa, et une circulaire invita en son nom les provinces à envoyer à Hydra des mandataires pour ne pas retarder plus long-temps l’ouverture de l’assemblée nationale.

Peu de jours après, le secrétaire des affaires étrangères et de la marine marchande donna sa démission, et sortit de Nauplie. Le même jour, le secrétaire