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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

moins le gouvernement anglais comme investi de cette autorité qu’il a été plus d’une fois forcé d’exercer, non-seulement dans les cas expressément reconnus par les traités, mais encore dans des cas nouveaux, tel qu’il s’en est montré, et doit nécessairement s’en montrer de temps à autre. »

La sécurité et le développement de la navigation de l’Indus et de ses affluens doivent être aujourd’hui le principal objet de la sollicitude du gouvernement, en ce qui touche aux grands intérêts du commerce intérieur[1]. Mais le gouvernement de l’Inde ne peut se promettre l’accomplissement de la tâche qui lui est imposée qu’autant que l’Angleterre elle-même comprendra qu’il est de son honneur et de son intérêt de s’y associer. Si le gouvernement de Calcutta encourage d’un côté la production, il faut que le pouvoir législatif, à Londres, encourage à son tour l’exportation des produits de l’Inde. Il est bien démontré aujourd’hui qu’obligée à des remises annuelles qui s’élèvent en moyenne à 3,200,000 livres sterling (environ 81 millions de francs), l’Inde ne peut trouver les moyens de fournir pendant long-temps à ses dépenses intérieures et extérieures que dans le développement normal de son industrie agricole et manufacturière. Traiter l’Inde en pays conquis, et lui imposer un tribut éternel sans compensation, au moins probable, dans l’avenir, c’est à la fois de l’oppression et de la mauvaise administration, à la fois un crime et une faute politique. La compagnie, sur qui pèse la responsabilité immédiate de cet avenir de l’Inde britannique, a senti que le moment était venu d’appeler, par un vigoureux effort, l’attention du parlement sur l’état actuel de l’agriculture et du commerce de cette immense colonie. La pétition formulée à cet effet, a été présentée à la chambre des communes le 11 février 1840, le 14 à la chambre des lords. La commission nommée par la chambre des communes (le 25 février) pour examiner cette importante affaire, et procéder à une enquête complète sur tous les points indiqués par la pétition, n’avait pu terminer son travail pendant la session de 1840, et a dû se borner à publier les premiers résultats de ses démarches. La commission

  1. Au mois d’avril 1840, deux steamers, le Snake (le Serpent), de la force de dix chevaux seulement, et Comet (la Comète), de la force de soixante chevaux, avaient accompli successivement le trajet du Bas-Indus à Firozepour, et avaient effectué leur retour avec des passagers et des marchandises ; mais on n’a pas encore de détails suffisans sur ces voyages. Plusieurs nouveaux steamers ont été construits pour la navigation de l’Indus et du Sutledge, et il est probable qu’au moment où nous écrivons, les communications et les moyens de transport sont complètement organisés ou sur le point de l’être dans tout le domaine fluvial de l’Indus.