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cipe européen de réciprocité, avec les états de Lacknau, de Napâl, d’Hyderabad et de Nagpour ; mais les clauses de ces traités étaient ou trop compliquées dans leur rédaction pour s’adapter à l’intelligence des natifs, ou peut-être (et cela nous paraît plus probable) trop assujettissantes pour leur convenir ; et l’attention du gouvernement ayant été bientôt après dirigée sur d’autres points, les traités furent oubliés. Après six années de négociations avec les états qui bordent le cours du Sutledge et celui de l’Indus, on parvient enfin à s’entendre sur les moyens de rouvrir la navigation de ces deux fleuves. Le principe adopté fut celui de substituer aux exactions infinies et arbitraires du passé un droit unique de transit modéré dans son chiffre, percevable à un seul endroit, et le même pour tous les bateaux de quelque dimension qu’ils fussent, et quelle que fût la nature de leur chargement. Ainsi les bateaux ne sont forcés de s’arrêter qu’à un seul endroit, Mitthun-Kote, situé au confluent des rivières du Pandjâb avec l’Indus, et entre les points extrêmes de la navigation utile[1]. Au reste, tous les états natifs sont obligés par l’usage, et plusieurs d’entre eux par les traités en vigueur, à laisser passer, libres de tous droits, les approvisionnemens de toute espèce, expédiés pour le service du gouvernement suprême, et il ne paraît pas qu’en aucune circonstance ils aient essayé de contrevenir à cette règle.

En résumé, le gouvernement suprême des Indes anglaises a déjà beaucoup fait pour la sécurité et l’extension du commerce intérieur, mais il lui reste plus encore à faire pour atteindre le but. Or, nous ne voyons qu’un moyen, à la fois loyal et efficace, d’y parvenir : c’est d’user largement, ouvertement, et avec toute la promptitude que la prudence peut autoriser, de l’influence que les traités et (ce qui est plus fort encore que les traités) les besoins et les vœux des populations donnent au gouvernement pour intervenir, à l’égard des états indépendans de l’Hindoustan, dans les matières relatives au commerce. Les agens du gouvernement suprême reconnaissent eux-mêmes que les traités existans ont cette tendance. « Dans une confédération comme celle de l’Inde, disent-ils, il doit exister une autorité qui ait le pouvoir de remédier au mal et de travailler au bien commun ; tous les traités avec les états natifs reconnaissent plus ou

  1. Le gouvernement a cherché également à donner un point de ralliement à toutes les branches de commerce descendant ou traversant l’Indus, et l’espoir manifesté par lord Auckland dès 1836, relativement à l’établissement d’une foire annuelle (ainsi que sir Alex. Burnes l’avait suggéré), paraît s’être réalisé. La foire a dû s’ouvrir à Sakkar en janvier dernier (1841), et devait durer un mois. Le système de foires annuelles a été adopté par les Russes avec un très grand succès.