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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

culaire s’unit à une réputation incontestée de franchise, d’honneur et de courage militaire. Les dynasties mahométanes d’Aoudh et d’Hyderabad sont entièrement usées. Les principales familles princières mahrattes ne valent guère mieux. Les radjahs du Radjpoutana seuls semblent avoir assez de vitalité politique pour qu’on puisse espérer de les ressusciter, et le gouvernement anglais paraît n’avoir pas renoncé à l’espoir de faire revivre dans les principautés de Djeypour et de Djodpour, en particulier, un sentiment national et un esprit d’indépendance qui ne seraient pas incompatibles avec la confiance et la déférence que réclamerait ce gouvernement comme ami et comme protecteur à la fois. Cependant il nous semble bien difficile que les rapports du gouvernement suprême avec les chefs du Radjpoutana puissent reposer sur une base plus libérale que celle d’une intervention pour ainsi dire toujours imminente, et ce qui s’est passé il y a un an, précisément à Djodpour, est une indication très significative de ce qu’on peut attendre de l’avenir. Quoi qu’il en puisse être, il ne saurait s’élever un doute raisonnable sur l’état de nullité dans lequel sont tombés les soi-disant souverains mahométans de l’Inde, nullité dangereuse et déplorable dans ses effets, attendu que le gouvernement anglais est obligé par les traités, ou se croit obligé le plus longtemps possible, à défendre chacun de ces petits tyrans contre tout ennemi intérieur ou extérieur.

Ces populations opprimées sont ainsi condamnées à souffrir tous les maux qu’entraîne à sa suite un gouvernement faible et corrompu, et le joug sous lequel elles gémissent est maintenu par l’irrésistible force d’inertie du gouvernement anglais. « Le remède ordinaire d’un mauvais gouvernement dans l’Inde, disait sir Thomas Mauro (gouverneur de Madras), dans une lettre au marquis de Hastings, est une révolution qui s’accomplit tranquillement dans l’intérieur du palais ou en dehors par la violence, c’est-à-dire par la révolte ou l’invasion étrangère ; mais la présence des forces anglaises détruit toute chance de remédier ainsi au mal, en maintenant le prince sur le trône contre toute opposition intérieure ou extérieure. Cet appui le rend indolent en lui apprenant à se reposer sur nous du soin de sa sûreté, cruel et avare en l’assurant qu’il n’a rien à craindre de la haine de ses sujets. » Cela peut donner une idée des misères que le système subsidiaire (subsidiary system), système né de la nécessité de priver ces soi-disant princes des moyens de recouvrer la souveraineté réelle qu’exercent les Anglais, a infligées aux plus belles provinces de l’Hindoustan. Les hommes d’état, en Angleterre et dans