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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

tion de Tharawadi lui a offertes. Le succès des armes anglaises dans l’Afghanistan a aidé lord Auckland à se maintenir dans cette ligne difficile. Pourtant les Anglais se verront contraints, nous n’en doutons pas, de se rendre maîtres du cours de l’Irrawadî ; et quand nous disons que les Anglais seront contraints d’étendre leur domination dans ces contrées, nous exprimons la conviction où nous sommes en effet qu’ils ne sauraient se soumettre sans répugnance à la nécessité d’une guerre comme celle dont les menace l’ignorante présomption des Birmans. « Il n’y a ni profit, ni honneur, disait naguère un de leurs écrivains politiques, à gagner dans une pareille guerre. La nature du pays, l’éloignement de ses parties vitales qu’il faudrait cependant occuper, rendront à la fois la campagne longue et dispendieuse. Amahrapoura, siége actuel du gouvernement, est situé à l’extrémité supérieure de la longue vallée de l’Irrawadî, à six ou sept cents milles de la mer. La partie inférieure de cette vallée est un marais pestilentiel pendant une portion considérable de l’année, et bien que la route la plus courte par les montagnes d’Arrakân fût indubitablement celle que choisirait notre armée, les frais de transport d’un matériel aussi considérable que celui que nécessiteraient des opérations de cette importance, munitions et provisions de toute espèce, pour avancer dans un pays que les Birmans (comme ils l’ont déjà prouvé), sauraient si bien dévaster ; la dépense, en un mot, qu’entraînerait cette expédition gigantesque, serait nécessairement énorme. » Quant au résultat d’une semblable expédition, il ne saurait être douteux, si les Birmans combattent seuls, ou s’ils n’ont pour auxiliaires que les autres populations bouddhistes de l’extrême Orient. La dernière guerre leur a enlevé de vastes contrées que la conquête avait placées dans leur dépendance, mais cette accession de territoire n’a eu d’autre avantage réel pour l’Inde anglaise que celui d’empêcher ce contact immédiat qui menaçait chaque année les fertiles provinces du Bengale. Le gouvernement anglais avait été fatalement entraîné à cette guerre par l’insolence et l’agression de la cour d’Ava. Les plus ambitieux parmi les gouverneurs-généraux de l’Inde n’avaient pas songé à étendre l’empire de ce côté. Lord Hastings, à la fin de son administration, avait soigneusement évité la lutte en affectant de rejeter sur l’imposture les torts d’une provocation indirecte, mais menaçante[1]. Cependant lord Amherst, le plus

  1. Lord Hastings renvoya au souverain birman les pièces qui avaient été saisies et qui prouvaient ses intentions hostiles, en l’assurant qu’il ne lui ferait pas l’injure de regarder ces documens comme émanés de son autorité.