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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

qui commandait les autres batteries. Les troupes, ayant réussi à gravir la côte, prirent possession du fort supérieur, et ouvrirent de là un feu meurtrier de mousqueterie sur les batteries basses, qui furent bientôt abandonnées par les Chinois. On les voyait, des navires, essayant de se sauver en passant au travers des embrasures, et s’élançant sur les rochers d’une hauteur de vingt pieds, parti désespéré qui fut fatal à plusieurs d’entre eux, tués ou gravement blessés dans la chute. À onze heures et demie, les Anglais étaient en possession du fort, et le pavillon britannique flottait sur ses murailles. La perte des Chinois a été immense. On évalue le nombre de leurs morts à six ou sept cents. Celle des Anglais ne paraît pas avoir excédé trois hommes tués et trente-trois blessés. Les bâtimens de guerre n’ont souffert en aucune manière, quoique le fort fût armé de trente-cinq canons, dont dix dans la partie supérieure et le reste dans les batteries basses.

Tandis que ces évènemens avaient lieu à Tchuenpê, quatre autres navires, les frégates ou corvettes le Samarang, le Druide, la Modeste et la Colombine, prenaient position vis-à-vis du fort de Ty-cock-tao, à trois milles environ au sud de Tchuenpê, et ouvraient sur ce fort le feu le plus nourri. Les Chinois y répondirent, mais leurs canons furent bientôt hors de service, et un détachement de soldats de marine débarqua pour monter à l’assaut. Les Chinois firent une résistance vigoureuse, et le premier lieutenant du Samarang fut blessé à la poitrine d’un coup de pique. Cependant, à onze heures, les marins avaient complètement mis en fuite les soldats chinois et le pavillon anglais flottait aussi sur ce point. Après la prise des forts, les steamers furent mis en mouvement pour aller détruire la flotte des jonques de guerre dans la baie d’Anson. Un seul de ces bâtimens, toutefois, la Némésis, put approcher suffisamment de la flotte chinoise pour lui causer quelque dommage. La Némésis donnait la remorque à dix ou douze embarcations armées, fournies par les vaisseaux de guerre. La première fusée tirée de la Némésis atteignit la soute aux poudres d’une jonque, qui sauta aussitôt. Les dix-huit autres furent incendiées par les équipages des embarcations anglaises, et sautèrent successivement en l’air. Malgré les efforts des Anglais, plusieurs jonques parvinrent à se sauver par une crique qui va joindre les eaux du Bogue. Le 8 janvier au matin, le vaisseau le Blenheim (74) s’était déjà embossé vis-à-vis le fort principal d’Anunghoy, et le bateau à vapeur Queen avait commencé à lancer des obus sur les batteries de Wantong, lorsque le capitaine Elliot reçut du commandant en chef chinois un message, en conséquence duquel le Wellesley (74) fit signal à la division d’attaque de suspendre les hostilités.

Le 20 janvier, le plénipotentiaire anglais publia une circulaire, adressée aux sujets de sa majesté britannique, dont nous reproduirons les passages les plus importans :

« Le plénipotentiaire de sa majesté britannique annonce la conclusion des arrangemens préliminaires entre le commissaire impérial et lui-même, renfermant les conditions suivantes : 1o  la cession de l’île et du port de Hong-Kong à la couronne d’Angleterre ; toutes les charges et tous les droits à per-