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à l’époque de l’arrivée du commissaire impérial Linn, et que, sans son intervention et la destruction des vingt mille caisses confisquées, le trafic aurait rétrogradé au lieu d’avancer[1]. Nous ajouterons que sur les vingt mille deux cent quatre-vingt-onze caisses confisquées par les autorités chinoises en 1839, un tiers seulement provenait des ventes de la compagnie, douze mille caisses environ venaient du Malwâ (par Bombay), et mille caisses de Turquie. Nous croyons ces détails suffisans pour mettre le lecteur à même de juger du véritable caractère des relations entre la Chine et l’Angleterre, en ce qui touche le commerce de l’opium. Revenons aux relations générales entre les deux gouvernemens et aux évènemens qui les ont si puissamment modifiées.

La déclaration du capitaine Elliot, du 21 juin, était le résultat d’un système arrêté. Après cet engagement solennel de demander et d’obtenir réparation, une fois surtout que les discussions et les actes des représentans des deux gouvernemens eurent pris le caractère d’hostilité permanente dont ils furent marqués à la fin de l’année 1839, il n’y avait plus possibilité de traiter sur les anciennes bases, et une déclaration de guerre de la part de l’Angleterre devenait inévitable. Dans la rédaction du document dont nous avons cité les principaux passages, on voit cependant l’intention manifeste de rejeter sur les intermédiaires les torts qu’on pourrait reprocher directement au gouvernement impérial. — L’empereur a été trompé ; le gouvernement anglais se chargera de lui faire connaître la vérité ; il ne doute pas d’avance que justice ne soit rendue, et que toutes choses ne soient réglées selon les principes de l’équité et de la raison. — C’est là un parti pris, habilement et sagement pris selon nous, et on peut être assuré que toutes les déterminations et tous les actes du gouvernement britannique, quel que soit le caractère apparent d’hostilité

    réduit et préparé pour fournir à la consommation d’un fumeur ordinaire à 2 mace (prononcez méce) ou 7 gr. 5 par jour, on trouve que 40,000 caisses représentent la consommation annuelle d’un million de fumeurs tout au plus. Supposons ce nombre doublé, triplé même : il n’y aura pas encore, selon toute probabilité, en Chine, un individu sur cent qui fume l’opium, ou au moins qui en use avec excès, puisque 3 gr. 3 quarts d’extrait d’opium à fumer (smokable extract) sont considérés comme une dose fort ordinaire (dix à douze pipes par jour ; chaque pipe ne fournit que deux ou trois bouffées).

  1. « He found the traffic stagnant ; he has made it flowrish in a degree and to an extent it had never reached before. » — Lettre du surintendant à lord Palmerston en date du 28 novembre 1839. —Additionnal papers respecting China, London, april 1840.