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LES
SETTE COMMUNI.

Dans l’été de 1835, je me trouvai retenu à Vicence par la maladie de mon compagnon de voyage, M. Lamberti. L’aimable et savant Milanais avait ressenti les premières atteintes de la fièvre dans les marais de Comacchio, en se livrant à des recherches trop assidues sur le mystère encore inexpliqué de la reproduction des anguilles. Il est vrai que M. Lamberti, gourmet et savant tout ensemble, mangeait le soir les sujets que le matin il avait soumis à ses expériences ; les anguilles se vengèrent, et leur persécuteur, obligé de fuir les bords marécageux de l’Adriatique, pensa mourir victime de la science et de la gastronomie.

Vicence est voisine de Padoue, les médecins n’y sont donc pas rares. L’un d’eux, le signore Castagnuolo, donna ses soins à mon ami, et, à l’aide de je ne sais combien de kilogrammes de magnésie, parvint à expulser le principe morbifique qui le tourmentait. Le quatorzième jour de sa maladie, conformément aux préceptes d’Hippocrate sur les époques climatériques et les crises, M. Lamberti entra en convalescence. Un convalescent a besoin de distractions et de plaisirs tranquilles ; ceux de mon ami étaient conformes à ses goûts : il passait ses matinées entières dans le cabinet du docteur Dominico Gregori, si riche en fossiles, et ses soirées à la librairie de Téobaldo, qui