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HOMÈRE
ET
LA PHILOSOPHIE GRECQUE.

BIBLIOTHÈQUE GRECQUE.[1]

Y a-t-il une philosophie dans Homère ? Trouve-t-on, dans cette poésie grande et simple, les élémens de la fonction rationaliste que la Grèce exerça dans l’histoire ? Y trouve-t-on l’origine intellectuelle de la lutte de l’Europe progressive contre l’Orient enterré dans ses symboles ; lutte continuée, souvent par les armes, toujours par les idées, à travers la monarchie d’Alexandre, l’empire romain et la chrétienté du moyen-âge, jusqu’au temps présent, qui paraît appelé à la finir par la victoire définitive de la civilisation européenne ? Cette question reste encore à traiter.

Il faut d’abord signaler dans Homère les traces d’un fait fondamental, reproduit depuis dans la formation des sociétés modernes, mais qui, au temps où nous nous reportons, était nouveau dans le monde, et détermina la destinée toute spéciale de la nation des Hellènes. Je veux parler de la lutte séculaire entre la cité théocratique et la tribu conquérante, entre une autorité de tradition et de pensée,

  1. Publiée par Firmin Didot.