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VINETTI.

CONTE BLEU.


So regeln wir die Mond-und Sonnentage
Sitzen vor den Pyramiden
Zu der Volker Hochgericht,
Ueberschwemung, Krieg, und Frieden, —
Und Versiehen kein gesicht.

(Goethe.)
I.

Par une des premières belles journées du printemps, nous avions visité à la campagne notre ami L…, et nous causions encore sous les touffes d’arbres du jardin, que la nuit était close déjà depuis longtemps. Nuit tiède et pure, douce nuit de juin ! Le ciel resplendissait de mille feux, les jasmins épanouis s’exhalaient dans la rosée, et les phalènes curieux venaient par intervalle battre d’une aile lourde le globe de notre lampe, qui, placée sur une table ronde, semblait, au milieu de toute cette verdure, une de ces étoiles tombantes que Goethe voit dans ses rêves fantastiques palpiter dans l’herbe en sifflant : Sterne die am feucten Boden zischen.

La conversation avait cessé, lorsque Frédéric dit à Melchior, après une pause générale de quelques instans :