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DE LA FORCE
DU
GOUVERNEMENT ACTUEL.

On a souvent défini les opinions qui nous divisent ; on a tenté de bien caractériser les partis qui, soit dans le parlement, soit dans la nation, se disputent l’influence et le pouvoir. Une classification ne serait ni la moins juste, ni la moins utile, qui distinguerait parmi les hommes politiques ceux qui croient à la force du gouvernement actuel et ceux qui n’y croient pas.

Si l’on veut y réfléchir, on verra que cette dissidence sur un point fondamental joue un grand rôle, le plus grand peut-être, dans la discussion et la conduite de nos affaires. Elle explique, elle motive, et par là même elle excuse bien d’autres dissentimens, que dans nos luttes passionnées nous nous imputons mutuellement à crime. Que d’opinions seraient en effet près d’être justifiées, si l’on en découvrait, si l’on en reconnaissait le principe ! Ce principe est souvent ou la crainte ou la confiance.

Écartons d’abord toute imputation blessante. On ne doit ni reprocher le défaut de courage à ceux qui craignent trop pour la chose publique, ni décerner un brevet de bravoure à ceux qui espèrent beaucoup en elle. Nous avons vu plus d’une fois une politique timide