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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

corps de velours noir, et retombe sur sa poitrine, se mêlant avec grace au col de mousseline sans ornement qui se rabat sur des épaules carrées et massives. Dans l’ensemble de sa physionomie règne une finesse joviale jointe à une certaine expression de douceur, de fermeté et d’ironie cachée. Il y a là ce qu’il faut pour attirer les sympathies bourgeoises ; on découvre même sur ces lèvres l’amour du vin, des plaisirs et de la gaieté. Ce fut cet homme qui groupa et arma contre Charles Ier la force civile de l’Angleterre, avant que Cromwell groupât contre le trône la force militaire du pays.

Lorsque Pym se montra sur la scène politique, en 1620, tout semblait soumis à l’autorité royale ; la grande Élisabeth avait imprimé à l’industrie, au commerce et à la gloire britanniques un formidable mouvement. Mais ce développement même devait soulever le trône et le briser. Vers la fin du règne de Jacques, comme à la fin du règne de Louis XV, les premiers symptômes de l’expansion populaire se firent sentir et effrayèrent le roi. Ce pédant, qui ne manquait pas de finesse, eut recours à un expédient assez curieux ; faisant contre fortune bon cœur, il affecta de remercier les communes de leur dévouement prétendu pour sa personne. Cependant les évènemens acquéraient de la gravité ; tout devenait menaçant, lorsqu’il mourut, après avoir jeté sur le trône, par les faiblesses de sa conduite et le ridicule de son caractère, un discrédit singulier. Charles Ier, beaucoup plus pur, beaucoup plus digne d’estime et d’amour que Jacques, fut frappé à sa place. Nous ne rappelons pas ici les évènemens généraux d’une histoire que tout le monde sait ; nous ne voulons pas faire ressortir les mouvemens parallèles et les analogies apparentes de notre histoire récente et des anciennes annales de l’Angleterre. Nous ne choisissons qu’un homme dans chacune d’elles : nous nous renfermons dans l’examen de ses moyens, de sa route, de ses ressorts, de ses fautes, de son éloquence. C’est bien assez de cette étude, qui n’est pas même une biographie, mais une analyse du jeu politique dans son action exercée sur l’homme, et de l’homme quant à son action sur la politique.

Comment Pym s’emparera-t-il de cette autorité populaire si facile à conquérir aujourd’hui, si difficile à saisir dans un temps où la royauté avait encore son culte réel, où rien n’était dissous, où l’autorité du monarque n’avait pas reçu ces coups terribles qui en ont abattu d’abord la théorie, puis la pratique ?

Membre d’une bonne famille de province, il vient, en 1620, représenter dans les communes la classe autrefois si importante des gentilshommes provinciaux. Il voit autour de lui des mécontentemens