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REVUE. — CHRONIQUE.

des pairs, la session politique paraît terminée. Il est vrai que nous vivons dans un temps où les accidens parlementaires sont nombreux et surprennent quelquefois les plus habiles.


— Le travail que nous avons publié sur l’expédition de Buénos-Ayres a excité une certaine émotion dans le monde politique et parmi les personnes qui ont pris part aux affaires de la Plata. Qu’on nous permette à ce propos d’insister avant tout sur un point : c’est que la presse quotidienne accueille peut-être avec trop de facilité des renseignemens venus des contrées lointaines dans des correspondances dont on ne prend pas assez soin de vérifier l’authenticité. Souvent l’erreur lancée par cette voie dans le public aboutit à des spéculations de commerce qui avortent, entraînant la ruine de quelques particuliers, ou bien elle amène une tentative de colonisation basée sur des données chimériques et terminée par des désastres, ainsi qu’on le vit en 1828, dans la déplorable affaire de Goazacoalco, où des centaines de colons français allèrent expier un moment de crédulité dans de véritables tortures. Mais les conséquences sont bien plus graves, quand le gouvernement, entraîné par l’opinion publique, fait de ces erreurs des questions nationales ; l’histoire des quinze dernières années en fournit de mémorables exemples. C’est un devoir alors pour tout homme consciencieux de signaler l’écueil à l’opinion qui se fourvoie, et c’est le sentiment de ce devoir qui a dicté l’article sur l’expédition de Buénos-Ayres. Nous avions espéré qu’aucun des organes sérieux de la presse n’hésiterait, quels que fussent d’ailleurs ses antécédens en cette question, à se rendre devant la vérité ainsi présentée. Quelques journaux pourtant se sont plaints de la publication des renseignemens donnés dans ce travail. Auraient-ils préféré qu’on laissât le pays et le gouvernement persister dans une erreur funeste ? MM. Buchet-Martigny et Roger ont protesté contre ce récit : il est tout simple que les représentans d’un système suivi si long-temps essaient encore de le défendre malgré les faits qui le condamnent. L’auteur de l’article sur Buenos-Ayres regrette sincèrement d’avoir été contraint à se mettre en opposition avec des hommes dont il apprécie le caractère. Telle est à nos yeux l’importance de la question et la sincérité que nous apportons dans ce débat, que nous nous empressons de rectifier une ou deux inexactitudes, les seules qui aient échappé dans le cours de ce long récit, et qui n’atteignent en rien le fond de la discussion. Ainsi, page 304, au lieu de Bacle « publia sur l’administration de la république quelques articles où le gouvernement de Rosas était amèrement critiqué », on aurait dû dire : « Bacle exprima hautement sur l’administration de ce dernier pays des opinions qui parurent au général Rosas une critique amère de son gouvernement. » Et, page 305, quand on a dit que « Bacle était Suisse, qu’il avait été jugé, puis mis en