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REVUE LITTÉRAIRE.

de plusieurs volumes. Les collecteurs qui nous paraissent avoir été le mieux inspirés dans le choix de leur labeur, sont M. le comte Beugnot et M. Bellaguet. Le premier a entrepris la publication des Olim du parlement de Paris, c’est-à-dire des registres des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de saint Louis, de Philippe-le-Hardi, de Philippe-le-Bel, de Louis-le-Hutin et de Philippe-le-Long. On n’avait de la piquante chronique de Charles VI, écrite en latin par un contemporain, moine à Saint-Denis, qu’une paraphrase fautive donnée par Lelaboureur ; on en devra à M. Bellaguet un texte complet et une traduction exacte. Malgré l’intérêt de quelques-unes des parties de cette Collection de documens inédits, nous nous réservons d’examiner dans un article spécial si l’entreprise, fort dispendieuse dans son ensemble et trop souvent exécutée de manière à effaroucher les plus intrépides lecteurs, présente une utilité proportionnée aux sacrifices qu’elle impose aux contribuables.

Nous regardons comme très heureux pour notre pays tout ce qui tend à développer l’ardeur intellectuelle à distance du foyer central ; et sans nous prononcer sur le mérite des œuvres que produit la province, il y a dans l’émulation générale qu’on y remarque un bon exemple auquel on ne saurait trop applaudir. Presque toutes nos grandes villes ont des sociétés savantes et littéraires qui publient périodiquement leurs actes académiques. Parmi les recueils de ce genre, qui malheureusement ne nous sont connus que par les indications du Journal de la librairie, nous remarquons, pour l’année 1840, les Mémoires des académies de Lyon, Toulouse, Avignon, Dijon, Metz, Lille, Douai, des antiquaires de l’Ouest, etc. Les ouvrages qui depuis quelques années se sont adressés au patriotisme local, sont vraiment innombrables. Dans chaque pays, il se trouve aujourd’hui des esprits curieux, des ames tendres et rêveuses qui se laissent prendre à la poésie du passé. Les archives publiques, les mémoires privés, les œuvres d’art, les curiosités naturelles, les traditions, les usages, sont interrogés avec un zèle pieux, et avant peu il n’y aura pas en France une province, une ville, une ruine antique, un château ou une abbaye du moyen-âge, qui n’ait trouvé son historien. L’année dernière a été très féconde en travaux de ce genre. Plaçons au premier rang la grande Histoire du Languedoc, par dom de Vic et dom Vaissette, annotée et continuée jusqu’à nos jours par M. Du Mége[1]. Cet ouvrage, l’un des plus respectables monumens de la patience bénédictine, présente moins les annales d’une seule province que les élémens d’une histoire complète de la Gaule méridionale, et il reçoit un nouveau prix du travail de M. Du Mége, qui a recueilli et employé, non pas sans un contrôle sévère, les acquisitions récentes de la science archéologique. Nous citerons encore la volumineuse Histoire du Comté de Nantes[2], laissée en manuscrit par l’abbé Travers, et

  1. L’ancienne édition avait 5 vol. in-folio. La nouvelle formera 10 vol. grand in-8o à deux colonnes. Les trois premiers, imprimés à Toulouse, sont en vente à Paris, chez Treuttel et Wurtz, rue de Lille.
  2. Elle formera 3 vol. in-4o. Les deux premiers sont publiés.