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On peut donc dire qu’en trois mois les whigs ont fait plus que les tories en vingt ans pour séparer définitivement la France de l’Angleterre. J’ignore si cette déplorable politique leur a assuré pour quelques jours le pouvoir qui leur échappait à la fin de la dernière session ; mais ce que je sais, c’est qu’ils ne tomberont plus aujourd’hui comme ils seraient tombés il y a un an. Il y a un an, ils eussent emporté leurs principes, leur caractère, et les vives sympathies de tout ce qui aime la liberté et la civilisation. Ils rentreront aujourd’hui dans la retraite, infidèles à eux-mêmes et maudits en Europe par ceux qui furent leurs véritables amis. Quant aux tories modérés, je n’hésite pas à dire qu’ils doivent beaucoup au traité du 15 juillet, et que leur situation s’est élevée autant que celle des whigs a descendu. La France, qui, l’an dernier, eût vu leur avénement avec chagrin, le verrait aujourd’hui avec joie, et les puissances absolutistes les préféreront toujours aux whigs, malgré ce que ceux-ci ont fait pour elles. Pour moi, je n’hésite pas à le dire, entre lord Melbourne et sir Robert Peel, celui-ci a la supériorité incontestable de la conséquence dans la conduite et de la mesure dans le langage. Quand sir Robert Peel sera premier ministre, je ne crois pas que l’alliance doive se renouer ; mais elle sera certainement moins impossible qu’aujourd’hui.


P. Duvergier de Hauranne.