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DE L’ALLIANCE ANGLO-FRANÇAISE.

cours de la couronne ; je suis encore moins de ceux qui se glorifient parce que dans la discussion de l’adresse quelques orateurs ont jeté à mon pays quelques complimens concertés. Ces complimens, d’ailleurs, je sais quel en a été le prix, et je ne puis trouver qu’ils vaillent ce qu’ils coûtent.

Maintenant je vais plus loin, et je me demande s’il est vrai que la discussion de l’adresse ait en définitive témoigné d’une si grande bienveillance à notre égard ? Le langage du parti tory, il faut le reconnaître, a été parfaitement convenable, et, tout en approuvant le traité, le duc de Wellington et sir Robert Peel n’ont pas hésité à déclarer « qu’il n’y a point de sécurité possible dans le monde quand la France est en dehors des conseils européens. » Sir Robert Peel a même fait plus, et blâmé le mauvais procédé de lord Palmerston au moment de la signature du traité. Mais il s’en faut que les ministres et leurs amis aient mis dans leurs discours la même courtoisie envers la France et les mêmes ménagemens. C’est lord John Russell, qui se plaint amèrement que le gouvernement français ait été assez étourdi (reckless) pour trouver mauvais que les puissances coalisées se soient passées de la France. C’est lord Palmerston qui se justifie d’avoir tenu la France dans l’ignorance du traité par cette simple considération, que la France, avertie, eût probablement demandé à présenter ses observations et que beaucoup de temps ainsi aurait pu être perdu. C’est lord Melbourne enfin, qui, lorsque lord Brougham parle de ménager la susceptibilité connue de la France, répond qu’on ne peut admettre qu’une nation trouve dans son tempérament irritable une raison de dicter la loi aux autres. « Ce serait, ajoute-t-il, faire comme dans la vie privée, où trop souvent le plus mauvais caractère de la famille parvient à gouverner les autres membres à force de répéter qu’il est très irritable, très susceptible, et qu’il ne faut pas le mettre en colère. » Tel est le langage conciliant des ministres whigs ; voici maintenant celui de leurs amis. En Angleterre, on le sait, le membre qui propose l’adresse et celui qui l’appuie sont expressément désignés par le ministère et s’entendent avec lui. Or, que dit lord Brabason, en présentant l’adresse ? « Qu’il se réjouit, en bon Anglais, que le traité se soit exécuté malgré la France et même en dépit (in spite) de son opposition. Il espère, d’ailleurs, que la France reconnaîtra son erreur. » Que dit M. Grantley Berkeley en appuyant la même adresse ? « Que la politique de son noble ami (lord Palmerston) a fait de l’Angleterre l’arbitre du monde, en dépit (in spite) des attaques et des clameurs françaises. » Vient ensuite M. James,