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REVUE — CHRONIQUE.

duite de lord Palmerston. Dans la chambre des lords, le duc de Wellington a complètement approuvé le ministère, tout en reconnaissant la nécessité du concours de la France pour assurer la paix du monde, tout en témoignant le désir de voir la France concourir de nouveau aux délibérations de l’Europe. Nous ne voulons pas relever la contradiction qui est au fond du discours du noble duc. Si le concours de la France est une garantie nécessaire de la paix du monde, il est bien peu digne d’éloge le ministre qui n’a rien fait pour l’obtenir, qui l’a sacrifié à son orgueil et aux passions de son agent à Constantinople. Sir Robert Peel avait raison, il était conséquent ; mais sir Robert Peel n’a pas été dans la franc-maçonnerie du congrès de Vienne et de la sainte-alliance. Tant qu’il restera dans ce monde un vieux débris de cette ligue, la France peut être certaine de ne pas trouver en lui un ami, ni même un juge impartial. Chose singulière, mais vraie cependant, celui de tous qui se laisse le moins aveugler par ce vieux préjugé, c’est M. de Metternich. Ce n’est cependant pas l’Autriche qui a eu le moins à souffrir de nos luttes gigantesques avec l’Europe.

La Syrie est livrée au désordre et à l’anarchie. Si on en croit certains bruits, l’Égypte aussi n’est pas dans un état parfaitement rassurant. On dit que les populations y sont fort ébranlées dans leur soumission au pacha. Il ne leur paraît plus ni si fort, ni si redoutable. Qui sait ? peut-être nous prépare-t-on quelque coup de théâtre en Égypte. Peut-être apprendrons-nous un beau jour que la flotte anglaise a dû intervenir pour rétablir l’ordre à Alexandrie. En attendant, la pensée d’arracher la Syrie à l’anarchie, en lui imprimant le cachet européen, prend toujours plus de consistance. Les uns parlent surtout de Jérusalem, les autres voudraient affranchir le territoire de la Palestine, lui appliquer le principe de neutralité qui protége la Grèce et la Belgique, en faire un pays ouvert à tous, protégé par tous, n’appartenant à personne qu’à lui-même. Nous avons devant les yeux un petit écrit fort remarquable sur cette question, et dont, au reste, le titre paraîtra peut-être exorbitant à un grand nombre de lecteurs. Sous le titre d’Unité européenne, M. d’Eichthal n’a parlé que de la Syrie dans ses rapports avec l’Europe.

Les deux chambres se trouvent maintenant nanties d’affaires importantes et nombreuses. Nous ne mentionnerons aujourd’hui qu’un seul projet de loi, celui sur la propriété littéraire, que M. Villemain a présenté à la chambre des députés. En reprenant le projet adopté par la chambre des pairs en 1839, le gouvernement, tout en conservant les principaux résultats consacrés par les délibérations de la pairie, y a introduit dans les détails d’utiles changemens, dont l’importance et l’opportunité sont parfaitement démontrées dans un exposé des motifs bref, lucide, substantiel, comme M. Villemain pouvait le faire. Citons ici une seule de ces améliorations. Nous approuvons la disposition qui permet à l’état de recueillir par voie de succession en déshérence les droits d’auteur d’un mort civilement, afin de pouvoir les attribuer, par ordonnance royale, au conjoint et aux parens de l’auteur. Dans nos temps