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Deux sortes de mesures sont nécessaires : 1o  augmentation du nombre des colléges royaux ; 2o  perfectionnement de leur système d’études.

Quant au premier point, en 1837, la chambre des députés avait voté le principe d’un collége royal par département ; j’avais moi-même rappelé ce principe à la chambre ; j’avais déclaré à la commission du budget, avec son approbation unanime, que, l’année prochaine, d’une main je présenterais la loi sur la liberté de l’enseignement, et, de l’autre, j’apporterais la demande de cinq nouveaux colléges royaux. Un collége royal avait été voté par la chambre en 1838 pour la ville de Saint-Étienne. J’ai repris les négociations entamées à ce sujet, et à l’heure qu’il est ce collége est en pleine activité, et sa prospérité naissante répond à mes efforts et à mes espérances. La chambre m’ayant accordé à moi-même un autre collége royal, dès le lendemain de la publication de la loi des dépenses, je m’adressai à la ville d’Alençon, et cette ville ayant éprouvé des difficultés pour satisfaire aux engagemens qu’elle aurait dû contracter, je me suis adressé immédiatement à une autre ville, Angoulême, et, grace à l’activité éclairée de M. le recteur de l’Académie de Bordeaux que j’envoyai sur les lieux, je suis parvenu à réaliser en quelques mois le collége royal voté par la chambre, de telle sorte que j’eusse pu lui présenter les résultats déjà obtenus à l’appui des nouveaux sacrifices que je lui aurais demandés.

Voici maintenant dans leur ordre d’importance et dans leur enchaînement logique les diverses mesures que j’avais cru devoir prendre dans l’intérêt de l’enseignement national.

La première de toutes, la plus indispensable, était la réforme du baccalauréat ès-lettres. Au moment où vous émancipez toutes les institutions privées et leur donnez le droit de préparer à l’examen du baccalauréat, votre premier devoir est d’élever et de constituer sérieusement cet examen. Il est le terme des études, il les résume, il les juge. Il est le passage du collége à l’instruction supérieure et à la société. Il faut que nul ne puisse franchir ce passage sans justifier d’une capacité suffisante. D’abord l’épreuve du baccalauréat doit être uniforme d’un bout de la France à l’autre. Jusqu’ici, excepté pour la philosophie, les matières étaient différentes dans toutes les Académies. J’ai rendu l’examen absolument le même partout, et je l’ai à la fois simplifié et fortifié ; je l’ai fortifié en y introduisant une composition, une version latine où chaque candidat doit montrer qu’il sait le latin et surtout le français, qu’il sait au moins l’écrire correc-