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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 janvier 1841.


La chambre a entendu hier, et le Moniteur publie aujourd’hui, le rapport de la commission chargée d’examiner le projet de loi sur les fortifications de Paris. Nous avons à peine eu le temps de jeter un coup d’œil sur un travail qui exige un examen attentif, une étude sérieuse. M. Thiers a développé, ce nous semble, cette grande question sous toutes ses faces ; sans trop insister sur ces vues générales, qui commençaient à devenir lieux communs, il est entré, avec une connaissance intime des données du problème, au fond même de la question, comme un homme pratique qui aborde franchement les hypothèses probables, qui ne dissimule aucune difficulté, et sait combien il importe de proportionner les moyens au but qu’on se propose. En parcourant ce beau travail, tout homme impartial aura fait, comme nous, deux remarques importantes : la première, que M. Thiers, fidèle à la haute mission que les suffrages de ses collègues venaient de lui confier, s’est scrupuleusement abstenu de tout ce qui pouvait donner à son rapport les apparences d’un plaidoyer ou d’un discours d’opposition. Est-il un membre de la chambre, je parle de ceux qui veulent fortifier Paris, qui ne se trouvait honoré de mettre sa signature au bas de ce rapport ? La question n’y est point rabaissée aux mesquines proportions d’une lutte de partis. Ce n’est pas là une apologie du cabinet du 1er  mars ; ce n’est point une attaque du centre gauche et de la gauche contre les centres ; il n’y a ni hostilité ni regrets ; c’est le travail d’un loyal député, d’un bon Français.

La seconde remarque est celle-ci : en se plaçant sans hésiter sur les hauteurs de la question, M. Thiers sous l’influence du grand intérêt national qu’il avait mission de faire prévaloir, a écarté d’une main ferme toutes les objections, quel que fût leur principe, quelle que fût l’opinion politique qui les soulevait. C’est ainsi qu’en parlant des forts détachés, après avoir démontré