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DE L’ACADÉMIE.

RÉCEPTION DE M. LE COMTE MOLÉ.

De très bonne heure, et presque au lendemain de son institution, il s’est fait des épigrammes contre l’Académie ; elles venaient de ceux même qui en ont été et de ceux qui n’en pouvaient pas être. Il y a eu les épigrammes que j’appellerai innocentes et gaies, comme celles des poètes épicuriens Chapelle et Lainez au XVIIe siècle, comme ensuite celles de Piron. Il y a eu les traits plus violens et même envenimés comme ceux que Chamfort, tout académicien et lauréat d’académie qu’il était, aiguisa, tailla, assembla en faisceau, pour en faire un instrument de mort aux mains de Mirabeau, qui devait frapper le coup. Et pourtant l’Académie a subsisté, a revécu du moins, et sans trop se modifier encore ; elle a peu dévié de l’esprit de sa fondation, elle y est revenue dès qu’elle a pu ; elle a même gardé de son prestige, et le mot de d’Alembert dans son ingénieuse préface des Éloges, qui répond d’avance à tout, reste parfaitement vrai : « L’Académie française dit-il, est l’objet de l’ambition secrète ou avouée de presque tous les gens de lettres, de ceux même qui ont fait contre elle des épigrammes bonnes ou mauvaises, épigrammes dont elle serait privée pour son malheur, si elle était moins recherchée. »

Montesquieu, Boileau lui-même, Charles Nodier, avaient commis