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soudoyées, et par les perfectionnemens que l’art des fortifications et l’artillerie doivent surtout à l’école italienne. De là résulte toute une série d’ouvrages qui traitent des questions nouvelles, et l’on peut dire que la littérature militaire surgit en France au XVIe siècle.

Je n’ai pas encore parlé du plus grand évènement intellectuel et moral de ce temps, de la réforme religieuse qu’il a vu naître. Cet immense évènement se rattache immédiatement à l’histoire littéraire de la France, car Jean Calvin fut l’un des pères de notre prose ; mais, pour apprécier ce grand fait de la réforme, il faut l’étudier en lui-même dans ses causes et dans son esprit, il faut en rechercher les antécédens et en parcourir les phases principales. Pour caractériser Calvin, il faut le comparer avec Luther et Zwingle ; enfin, il faut examiner quelle a été l’action de la réforme sur la philosophie, sur la politique, sur les lettres et les arts. La réforme a été préparée par les ages antérieurs, et cependant elle est bien l’œuvre du XVIe siècle, elle est bien sa propriété. En même temps elle tient à ce qui a suivi, elle regarde vers l’avenir, on ne saurait le méconnaître ; elle a laissé sur l’Europe, dont elle a conquis une partie, une empreinte qui dure encore, d’abord dans les pays où elle règne, à Londres et à Berlin, et même dans les pays catholiques ; la réforme a agi jusque sur les écrivains qui lui sont le plus opposés. Enfin, et ce n’est pas là sa moindre influence, elle a provoqué une réaction admirable qui commence au XVIe siècle avec Ignace de Loyola et sainte Thérèse, et qui, dans le siècle suivant, par saint François de Sales, par le cardinal de Berulle, arrive jusqu’aux plus glorieux champions du catholicisme, Pascal et Bossuet.

Bien plus encore que la littérature née de la réforme, la littérature philosophique du XVIe siècle se rattache à ce qui a suivi. Cette littérature est représentée surtout par le nom de Montaigne, Montaigne le sceptique, qui ne veut rien renverser, mais qui touche, qui remue toutes les idées, et, par là, en ébranle beaucoup. Montaigne est le père de tous les libres penseurs qui viendront ensuite ; il a presque agi sur Pascal, qui a eu peur de lui, et ne s’est sauvé du scepticisme qu’en se précipitant, les yeux fermés, dans l’abîme de la foi. Lamotte-le-Vayer, Bayle, Fontenelle, et en partie Voltaire, relèvent de lui. Montaigne, c’est un esprit d’une indépendance absolue qui échappe à toute prise, d’autant plus puissant qu’il est plus naturel, et pour ainsi dire plus involontaire, qu’il se transporte, à son gré, d’un pôle de la pensée à l’autre et se retrouve toujours dans son assiette, allant ainsi au bout de toute chose sans sortir de chez soi. Son style,