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LA
LITTÉRATURE FRANÇAISE
AU xviE SIÈCLE.

Il est des siècles littéraires plus parfaits que le XVIe ; il n’en est pas de plus énergique et de plus puissant. Dans ce siècle mémorable, l’esprit humain marche en tous sens, il avance par toutes ses voies. Tous les contrastes sont en présence ; on adore l’antiquité, et un immense besoin de nouveauté ébranle les antiques croyances ; on s’inspire des traditions un peu artificiellement ranimées de la chevalerie, et un épicuréisme hardi, effronté, envahit les ames. Le fanatisme religieux arme bien des bras, les passions qui se rattachent aux querelles religieuses remuent bien des cœurs, et le scepticisme le plus audacieux bouleverse et dévaste les esprits. Temps prodigieux où toutes les puissances de la nature humaine coexistent pêle-mêle dans un chaos fécond ; temps de l’enthousiasme et de l’ironie, de la poésie et de la science, de l’art et de la politique, du fanatisme religieux et de l’élan philosophique ! Il suffit de prononcer les noms des personnages célèbres du XVIe siècle, pour sentir vivement ces contrastes ; le XVIe siècle est le siècle de Machiavel et de L’Hôpital, de