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POÈTES ET ROMANCIERS MODERNES DE LA FRANCE.

Et du bec battent les vitraux.

Liberté !… c’est donc le symbole
De celle que nous font les rois ?
Plus semblables à mon idole,
Vous me montrez celle qui vole,
Oiseaux qui chantez dans les bois.

C’est ici que j’aurais dû naître,
Champrosay ! nom plein de douceur !
Ô ma maison, reçois ton maître !
Forêt, fleuve, côteau champêtre,
Recevez votre possesseur.

Heureux qui de son espérance
N’étend pas l’horizon trop loin,
Et, satisfait de peu d’aisance,
De ce beau royaume de France
Possède à l’ombre un petit coin !

Un cerisier, près de mon Louvre,
Le cache et l’indique au regard ;
Devant, la Seine se découvre,
Et derrière une porte s’ouvre
Sous les ombrages de Senart.

Le domaine ne s’étend guère,
Mais il est selon mon trésor.
Si liberté n’est pas chimère,
Pour vivre libre et lire Homère,
Bien portant, que faut-il encor ?

Pour m’agrandir m’irai-je battre ?
Trois arpens sont assez pour moi :
Dans trois arpens on peut s’ébattre.
Alcinoüs en avait quatre,
Mais Alcinoüs était roi.

Oh ! bien fou qui jamais n’arrête
Ses vœux d’heure en heure plus grands,
De biens nouveaux toujours en quête !
On blâme l’esprit de conquête,
On imite les conquérans.

Si les hommes pouvaient s’entendre !
Mais non. Tant qu’il trouve un voisin,
Tout homme a le cœur d’Alexandre,
Et, prince ou bourgeois, veut étendre