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SITUATION POLITIQUE.

toriaux et maritimes soient, en 1841 et 1842, élevés jusqu’au petit pied de guerre. Imagine-t-on que la chambre consente à de si énormes dépenses sans la prévoyance prochaine d’évènemens sérieux et sans un vif désir de faire reprendre au pays le rang qu’il a perdu ? Non certes, et ce serait mal comprendre l’esprit et les sentimens de la chambre. Il nous paraît donc que les fractions modérées de la gauche et de la droite ne manqueront pas, bientôt peut-être, d’occasion de se rapprocher et de s’unir dans un grand intérêt national. Il nous paraît que devant cet intérêt tomberont d’elles-mêmes toutes les petites barrières qu’on prend aujourd’hui tant de peine à relever.

Quoi qu’il en soit, et en supposant qu’aucun évènement ne survienne, voici le véritable état des choses. Si de la majorité manifestée par le vote de l’adresse on déduit trente voix à peu près de la gauche et du centre gauche qui, dissidentes sur une question spéciale, n’ont pas rompu pour cela leurs vieux engagemens, il reste au profit de la droite, en comptant depuis MM. Passy et Dufaure jusqu’à MM. de Lamartine et de Salvandy, vingt à trente voix à peu près. Personne ne peut penser qu’il y ait là les élémens d’une majorité durable ; personne ne peut penser non plus que des élections, si elles avaient lieu, vinssent accroître cette majorité. Aujourd’hui, tout autant qu’il y a un an, une transaction est donc nécessaire, et toutes les opinions qui veulent sincèrement la vérité du gouvernement représentatif et la grandeur de la France doivent s’y préparer. Si elles s’y refusent, elles n’auront que le triste avantage de s’annuler réciproquement et de condamner pour long-temps le parlement à l’impuissance et le pays à l’humiliation.


Un Député.