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DÉBATS PARLEMENTAIRES.

sans l’hérédité. Mais cette immobilité de la négociation, ce parti pris de la part du cabinet anglais, ces derniers efforts de l’Autriche, alarmée d’une résolution décisive, n’apportaient d’enseignement à personne, et l’on tenait l’alliance pour si bien trempée, qu’on ne reconnaissait à aucune puissance humaine le pouvoir de la rompre.

Déjà cependant l’Angleterre, après six mois de méditations sur les éventualités les plus éloignées de cette immense affaire, avait pris son parti avec cette résolution calme et forte qui ne lui manque en aucune grande circonstance. Pendant que l’on préparait sa réconciliation avec Naples, elle disposait froidement l’insurrection de la Syrie ; puis, un mois plus tard, elle expliquait la signature du traité par la découverte d’une négociation directe qu’aurait fomentée la France. Au fond, cette explication en valait une autre pour masquer une décision dont notre adhésion tardive et contrainte n’eût pas changé le caractère, décision qui n’en serait pas moins restée, même avec cinq signatures, le premier monument de l’accord de l’Angleterre et de la Russie pour régler, selon leurs vues et par leur prépondérance absolue, les affaires de l’empire ottoman. La France aurait été invitée à signer des stipulations contraires à ses intentions manifestées avec tant de persistance, que ce témoignage de déférence n’eût pas rendu sa défaite moins éclatante. Les égards de protocole ne restituent pas aux cabinets l’influence politique qui se retire, et la France était évidemment vaincue à Londres du moment qu’il ne lui restait d’autre ressource que d’y subir les conditions qu’elle n’avait pu faire modifier. Le défaut d’une invitation adressée à notre gouvernement pour joindre sa signature à celle des quatre puissances peut sembler un manque de procédés ; mais là n’est pas la gravité de l’acte lui-même, là n’est pas la rupture de l’alliance de dix années : cette rupture gît tout entière dans ce grand fait d’un rapprochement opéré moyennant des concessions réciproques entre les cours de Russie et d’Angleterre pour régler les affaires d’Orient sur d’autres bases que celles proposées par la France.

Quelle est la valeur politique de ce fait nouveau, si long-temps réputé impossible, et que nous étions à peine admis, dans la discussion de 1839, à signaler à la tribune comme une éventualité lointaine ? Quels ont été, dans l’esprit des puissances signataires, la portée immédiate et les conséquences plus éloignées du traité de Londres ?

En s’en rapportant aux organes de la publicité, et même à des appréciations d’un caractère plus élevé, l’acte du 15 juillet aurait été à la fois une coalition contre la révolution française, le préliminaire